La mosquée des Turcs est lancée et Malakoff a un projet

Ouest-France (France), mardi 23 mai 2006, p. 10

L’Islam de Nantes, qui possède trois mosquées dans la ville et des lieux de rassemblement, veut prier dans des conditions décentes. Normal. Le respect dû aux musulmans n’est-il pas une condition de leur bien-vivre dans la société française ? Aujourd’hui, les associations gérant les mosquées, très mal logées, envisagent de construire des lieux de prière intégrés au paysage urbain. « Il s’agit de bâtir des lieux de culte, pas des cathédrales », précise Patrick Rimbert. Outre celui de la mosquée de Nantes-nord, deux autres projets sont lancés.

Les musulmans de Malakoff prient en face du stade Marcel-Saupin, dans une église désaffectée. L’Association islamique de l’ouest de la France, qui gère cet espace, envisage de construire sur un terrain municipal, entre l’usine de l’eau et le parc de Malakoff. Le projet de mosquée le plus avancé est celui mené, boulevard Bâtonnier-Cholet, sous le pont de Cheviré, par une association affiliée au Comité de coordination des musulmans turcs de France.

« Le chantier a démarré il y a moins d’un mois et il avance bien », assure Medet Guven, le président turc du conseil régional du culte musulman. Sur un terrain acheté à la mairie, les Turcs construisent une mosquée comprenant un minaret de 18 m de haut et une salle de prière de 220 m². Un bâtiment « financé par les fidèles, sans subvention de la Turquie », souligne Medet Guven.

Sur le même terrain sera érigé, comme à Nantes-nord, un bel espace culturel géré par une association soeur : « On y trouvera notamment, poursuit M. Guven, une salle d’exposition, une grande bibliothèque de recherches sur la Turquie, une salle de classe pour apprendre le turc aux non turcophones, une salle multimédia et une épicerie. » La communauté turque est très mobilisée sur ce projet : « Les cotisations vont être augmentées et plusieurs artisans nous aident, en main-d’oeuvre et matériaux », précise Medet Guven.

Confrontée aux demandes des communautés musulmanes de Nantes, la municipalité ne joue pas l’obstruction. « Nous sommes des laïcs, souligne Patrick Rimbert, reprenant les mots du maire. La laïcité, c’est la liberté des cultes. Nous accompagnons les communautés dans leur démarche, cultuelle et culturelle. »

La Ville loue à long terme ou vend à prix très raisonnable du terrain. Elle aide au montage technique des opérations immobilières, mais n’intervient pas dans le financement des lieux de culte. La loi de séparation de 1905 l’en interdit. Par contre, elle aide sous conditions, et dans un plafond de 200 000 €, la construction des bâtiments associatifs culturels. « Nous intervenons pour ces équipements comme nous le faisons pour les patronnages (Saint-Yves ou Saint-Pierre) et la synagogue », explique M. Rimbert.