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Elargissement : La Turquie doit réformer drastiquement son marché du travail 31 mai 2006

Posted by Acturca in Economy / Economie, Turkey / Turquie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Europolitique, No. 3094

30 mai 2006

L’adhésion potentielle de la Turquie à l’UE soulève de nombreux doutes au sein des États membres. Cette méfiance concerne notamment la situation déplorable du marché du travail en Turquie. Un rapport récent de la Banque mondiale (BM) semble confirmer ces inquiétudes. La BM invite la Turquie à poursuivre la réforme de son marché du travail et insiste sur la nécessité d’accorder la priorité à une plus grande flexibilité dans le but de créer des emplois.

Facteurs Clés

Le taux d’emploi de la Turquie est l’un des plus faibles au monde. En 2004, il n’était que de 43,7% (la moyenne pour l’UE15 est de 65%). Selon  la BM, entre 1980 et 2004, la population turque a augmenté de 23 millions. Pourtant, durant cette période, seuls 6 millions d’emplois ont été créés. Cet énorme déficit de l’emploi’ inquiète particulièrement les États membres. Cette inquiétude semble justifiée par le fait qu’avec sa croissance démographique actuelle (2,2% entre 2000 et 2010), la Turquie ne sera pas capable de rattraper le taux moyen de l’UE en matière d’emploi. La BM estime que la Turquie devra créer près de 10 millions d’emplois en six ans pour arriver, en 2010, au taux d’emploi moyen actuel de l’UE. Mais, dans le contexte actuel du PIB et du taux d’emploi, seuls 1,5 million d’emplois seront créés d’ici à 2010 (le niveau d’emploi augmente de moins d’1% par an en Turquie).

L’emploi des femmes et des travailleurs de plus de 55 ans constitue une cible encore plus difficile. Le taux d’emploi des femmes jeunes en Turquie est inférieur de plus de la moitié à celui de l’UE15. Le taux d’emploi des travailleurs dans la tranche d’âge des 55-64 ans représente 33% en Turquie – soit nettement moins que la moyenne de 42% dans l’UE. De plus, la Turquie connaît un taux de chômage alarmant parmi les jeunes diplômés. En 2003, 14,8% des personnes de 25-29 ans ayant suivi un enseignement postscolaire étaient sans emploi. En outre, la Turquie possède un vaste économie informelle. La situation est la plus préoccupante dans les régions rurales où trois personnes sur quatre environ ne sont inscrites auprès d’aucune caisse de sécurité sociale. Dans les régions urbaines, un travailleur sur trois n’a aucune couverture sociale formelle.

Création d’emplois

«La création d’un nombre suffisant d’emplois serait un facteur clé qui permettrait de dissiper les inquiétudes relatives à un déferlement de demandeurs d’emplois turcs dans l’UE et serait aussi un facteur favorable à l’adhésion de la Turquie», estime Andrew Vorkink, directeur régional de la BM pour la Turquie.

Mais les conditions actuelles ne sont pas favorables. Le rythme de la création d’emplois en Turquie est trop lent pour absorber l’augmentation de la population active qui se poursuivra jusqu’en 2040, selon la BM. En outre, l’étude prouve que la croissance économique n’a pas suffisamment de retombées positives sur le marché du travail. La création d’emploi en Turquie a été modérée depuis 1980, malgré une forte croissance économique. De plus, la situation sur le marché de l’emploi est gênée par la transformation structurelle de l’économie turque qui entraîne un transfert des travailleurs de l’agriculture – le secteur le plus vaste – vers d’autres secteurs.

Parallèlement, même une croissance relativement rapide du taux d’emploi dans d’autres secteurs n’est pas capable de générer ce surplus. La création d’emploi en Turquie pourrait être favorisée, à long terme, par l’augmentation de la productivité associée au faible niveau des salaires qui attire les investissements étrangers. Selon la BM, la croissance rapide en Turquie depuis 2001 va se poursuivre et elle aura un impact positif sur les taux d’emploi dans les années à venir. Cependant, cet effet pourrait être contrecarré par les coûts salariaux indirects élevés et alimenter l’économie informelle.

Les réglementations du travail ne sont pas adaptées aux besoins des travailleurs qui arrivent sur le marché du travail, ni aux besoins des sociétés. Selon la BM, ces règles protègent les droits des travailleurs du secteur public et des sociétés qui emploient de la main-d’oeuvre informelle. La création de nouveaux emplois est également découragée par la réglementation relative aux heures supplémentaires. Par rapport aux normes internationales, le coût engendré par la mise en conformité de la réglementation du travail est élevé en Turquie (par exemple en ce qui concerne les indemnités de départ), selon le rapport de la BM.

Les limites concernant l’engagement de personnes à durée déterminée ou à temps partiel ont aussi un impact négatif sur la croissance de l’emploi, surtout parmi les femmes. La réforme du code du travail (2003) n’a pas levé les restrictions concernant les emplois à durée déterminée et les agences d’intérim.

Recommandations

La Turquie doit passer de la protection des emplois, à celle des travailleurs. Les règles qui protègent les emplois (indemnités de départ, par exemple) ne profitent qu’à ceux qui ont déjà un travail. Le marché du travail turc donc a besoin de plus de flexibilité pour être plus compétitif, selon la BM. C’est pourquoi il faut réduire les indemnités de licenciement. De plus, les contrats à durée déterminée et le travail intérimaire devraient être autorisés. La Turquie doit aussi réformer et étendre son système d’indemnisation de chômage.

Ce système profite à moins de 4% des chômeurs actuellement. La BM suggère aussi de fournir des ressources suffisantes à l’Institut du travail de Turquie (ISKUR) pour lui permettre de mener des politiques actives sur le marché du travail. Le programme européen d’aide technique à l’ISKUR en vue de soutenir la mise en oeuvre de la stratégie européenne de l’emploi en Turquie pourrait contribuer à la réalisation de cet objectif, selon le rapport. La capacité administrative devrait être renforcée par un accroissement du nombre d’inspecteurs du travail pour le contrôle de la conformité avec les règles relatives au précompte professionnel. La Turquie devrait aussi autoriser l’arbitrage privé en vue de résoudre les conflits entre travailleurs et employeurs. Actuellement, le seul recours possible est le tribunal.

La BM insiste sur le fait que des facteurs n’appartenant pas au marché du travail ont aussi un effet significatif sur la création d’emploi, et sur le maintien de la croissance économique en particulier. C’est pourquoi la stratégie de création d’emploi nécessite une approche multiple.

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