L’honneur retrouvé de la femme de Kemal 30 juin 2006
Posted by Acturca in Books / Livres, History / Histoire, Turkey / Turquie.Tags: History / Histoire, Turkey / Turquie
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Le Temps (Suisse)
27 juin 2006
Trente et un ans après sa mort, l’une des femmes les plus décriées de Turquie vient de retrouver un peu de lustre grâce à la parution d’une biographie en passe de devenir un best-seller*. Latife Ussaki, communément appelée Latife hanim, n’est autre que l’éphémère épouse de Mustafa Kemal, le fondateur de la République turque dont elle partagea la vie entre 1923 et 1925. Mais contrairement à son mari, adulé et porté aux nues, cette jeune femme de vingt ans sa cadette, a été conspuée après son divorce. Capricieuse, despotique, colérique, elle est dépeinte depuis des décennies, et essentiellement sous la plume d’hommes, comme une femme acariâtre qui ne supportait pas les soirées trop arrosées de son mari.
Il aura fallu qu’une femme, Ipek Calislar, journaliste au quotidien kémaliste Cumhuriyet, se penche sur l’histoire de cette figure mystérieuse pour que ce tableau peu flatteur se craquelle enfin. «Latife a été oubliée et diffamée mais elle n’est pas une erreur dans la vie de Mustafa Kemal. C’était une femme très bien élevée, intelligente, polyglotte qui a pris part au changement de son pays. C’était même une suffragette.»
En 1923, alors que les femmes n’avaient pas le droit de vote – un droit qu’elles ont acquis en 1934, soit trente-deux ans avant les Suissesses – Latife aurait déclaré vouloir être députée. «Elle représentait la femme moderne turque que Mustafa Kemal souhaitait. Elle ne portait pas le voile, s’intéressait à la politique, se tenait aux côtés de son mari. Mustafa Kemal était un leader mais il voulait une épouse qui soit son égale afin de la montrer un peu partout et de prouver à la nation que mari et femme peuvent être égaux.» Durant deux ans, le fondateur de la République a donc arpenté l’Anatolie aux côtés de son épouse avant de mettre fin à leur union et de la renvoyer dans sa ville natale, Izmir, où elle garda le silence jusqu’à sa mort. Destin tragique d’une femme censée représenter l’idéal féminin de la nouvelle république turque mais qui ne fit jamais d’émule.
* «Latife hanim», Ipek Calislar, Editions Dogan Kitap.
Quand le livre sera-t-il traduit en Français? Merci
http://yuvakuran.blogspot.com/2006/06/latife-hanim.html