jump to navigation

Quatre voisins d’Israël et la guerre du Liban 17 août 2006

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
Tags:
trackback

Le Monde (France), lundi 14 août 2006

Gaïdz Minassian

Ils partagent tous les quatre deux points communs à l’égard d’Israël. Ils lui sont frontaliers par la mer ou par voie terrestre ; et ils entretiennent avec lui des relations moins hostiles que le reste du monde musulman au Proche-Orient.

Carte de situation du moyen orient. | Le Monde Il s’agit de la Turquie, allié stratégique de l’Etat hébreu, de la Jordanie et de l’Egypte, signataires d’un accord de paix avec leur ancien ennemi et enfin de l’Arabie Saoudite, le plus flexible des Etats favorable à une normalisation ses relations avec Israël si ce dernier favorise la création d’un Etat palestinien. Depuis le lancement des bombardements israéliens sur le Liban sud, tout semble se détériorer, ces Etats ont pris leur distance avec Israël, qui apparaît de plus en plus isolé sur le scène proche-orientale .

La Turquie aurait sûrement préféré un autre contexte que la guerre du Liban pour souffler les bougies du 10e anniversaire de leur alliance stratégique avec la Israël. Seul pays musulman avec lequel Israël a signé un acte de coopération militaire dans la région, la Turquie marque sa différence avec Israël, lui-même mécontent de la tournure des relations depuis la victoire de l’AKP aux législatives turques en 2002 et les contacts entre Ankara et le Hamas palestinien. Opinions publiques et partis politiques turcs ont pris fait et cause pour le Hezbollah contre l' »agression israélienne ». Mais, sans pour autant rompre avec Israël, Ankara tire de la zone de conflit trois avantages indissociables de sa position géostratégique au carrefour des enjeux.

La Turquie veut prendre exemple sur Israël frappé par des roquettes du Hezbollah pour lancer des raids au nord de l’Irak contre des bases de repli du PKK, mouvement rebelle kurde qui a repris les attentats et la guérilla contre Ankara. Le premier ministre turc, M. Erdogan l’a fait savoir aux Américains qui l’ont aussitôt dissuadé. Une intervention turque en Irak pourrait, selon eux, aggraver la situation déjà confuse à Bagdad. Ankara, qui vient de nommer un faucon à la tête de son état-major, a dénoncé la stratégie américaine du » deux poids, deux mesures «  dans la région. La lutte anti-terroriste serait-elle légitimée selon un cadre géographique délimité par les Etats-Unis, s’interrogent les dirigeants politiques turcs ?

La guerre du Liban intervient quelques semaines après l’inauguration du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan, transformant la Turquie en terminal pétrolier sur la Méditerranée. Israël très intéressé par cet oléoduc compte sur Ankara pour le fonctionnement de ces infrastructures et de son armée. Pour l’instant, c’est le Liban qui a fait appel à Ankara pour l’approvisionner en or noir, La Turquie devenant ainsi un acteur incontournable dans le paysage du Proche-Orient.

Enfin, troisième avantage, en proposant de participer à une force multinationale d’interposition au Liban sud après la signature d’un cessez-le-feu, Ankara se reconnaît dans l’ensemble des positions dominantes. Elle s’aligne sur les positions d’Etats de l’Union européenne, comme la France et l’Allemagne, et démontre ainsi son rôle de peacemakers, sur fond de négociations avec Bruxelles en vue de son éventuelle adhésion à l’UE. Elle se porte volontaire auprès des Etats-Unis, son allié à l’OTAN, pour la constitution d’une coalition de paix. Elle rassure son allié Israël sur la composition de cette force d’interposition. Elle tend à endosser un rôle de garante de la sécurité du Liban.

Les trois avantages de la Turquie

Seul pays musulman avec lequel Israël a signé un acte de coopération militaire, la Turquie aurait sûrement préféré un autre contexte que la guerre du Liban pour fêter le 10e anniversaire de cette alliance stratégique. Les relations entre les deux Etats ne sont pas à leur meilleur depuis la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP) aux législatives turques de 2002 et les contacts pris entre Ankara et le Hamas palestinien. De leur côté, l’opinion publique et les partis politiques turcs ont pris fait et cause pour le Hezbollah contre l’« agression israélienne ». Mais au-delà de cette réprobation, Ankara tire de cette guerre trois avantages liés à sa position de carrefour géostratégique.

Le gouvernement turc veut s’inspirer du comportement d’Israël envers le Hezbollah pour lancer des raids au nord de l’Irak contre des bases de repli du PKK, mouvement rebelle kurde qui a relancé sa guérilla contre Ankara. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l’a fait savoir aux Américains, qui l’en ont aussitôt dissuadé. Une intervention turque en Irak pourrait, selon eux, aggraver la situation déjà confuse à Bagdad. Ankara, qui vient de nommer un faucon à la tête de son état-major, a dénoncé la stratégie américaine du « deux poids, deux mesures » dans la région. La lutte antiterroriste serait-elle légitimée selon un cadre géographique délimité par les Etats-Unis, s’interrogent les dirigeants politiques turcs ? En attendant d’agir unilatéralement, la Turquie a obtenu un engagement du président irakien, le Kurde Jalal Talabani, de faire son possible pour arrêter les infiltrations du PKK en Turquie.

La guerre du Liban intervient quelques semaines après l’inauguration du pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan, transformant la Turquie en terminal pétrolier sur la Méditerranée. Très intéressé par cet oléoduc, Israël compte sur Ankara pour le fonctionnement de ses infrastructures et de son armée. Plus récemment, le Liban a fait appel à Ankara pour l’approvisionner d’urgence en or noir. La Turquie est en passe de devenir un acteur énergétique de premier poids au Proche-Orient.

Enfin, troisième avantage, en proposant de participer à une force multinationale d’interposition au Liban sud après la signature d’un cessez-le-feu, Ankara semble satisfaire tout le monde. Elle s’aligne sur les positions d’Etats de l’Union européenne, comme la France et l’Allemagne, et démontre ainsi son rôle de peacemaker, sur fond de négociations avec Bruxelles en vue de son éventuelle adhésion à l’UE. Elle se porte volontaire auprès des Etats-Unis, son allié à l’OTAN, pour participer à l’élargissement de la Finul au Liban. Elle rassure son allié Israël sur la composition de cette force d’interposition et elle tend à endosser un rôle de garante de la sécurité du Liban. Quant à ses relations avec le Hezbollah, les prises de positions d’Ankara pendant la guerre lui ont attiré la symphatie du mouvement chiite libanais.

Commentaires»

No comments yet — be the first.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :