Téhéran menace l’Irak d’incursions militaires contre les Kurdes

Le Monde (France), vendredi 2 mars 2007, p. 4

Cécile Hennion

L’Iran a menacé, mercredi 28 février, d’une incursion militaire dans le Kurdistan d’Irak si les autorités irakiennes ne se décidaient pas à expulser les groupes armés kurdes qui y ont trouvé refuge.

Si le gouvernement irakien n’agit pas, a averti Yahya Rahim Safavi, un commandant des Gardiens de la révolution, cité par l’agence iranienne Mehr,  » nous nous réservons le droit de les pourchasser au-delà des frontières – iraniennes – « . Depuis une semaine, de violents affrontements opposent les soldats iraniens et les combattants du Parti pour une vie libre au Kurdistan (Pejak), l’aile iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc).

Forts de 5 000 hommes environ, ces derniers ont établi des camps militaires sur les hauteurs de Qandil, la chaîne montagneuse qui sépare l’Irak de la Turquie et de l’Iran. Depuis deux ans, ils ont multiplié leurs opérations contre la Turquie et l’Iran provoquant la colère de ces deux pays, qui ont bombardé leurs positions.

Depuis la trêve avec la Turquie, décrétée unilatéralement par le PKK, le 1er octobre 2006, la guérilla s’est concentrée sur le  » Front Est « , en Iran, en multipliant les embuscades, opérations de sabotages et attaques d’hélicoptères pour lesquelles des commandos spéciaux sont entraînés à Qandil.

Jeudi 1er mars, l’armée iranienne a annoncé un nouveau bilan : plus de 40 morts dans les rangs des rebelles au cours des sept derniers jours, dont 17 mercredi, contre 7 morts côté iranien.

Téhéran accuse les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de financer les rebelles dans les provinces frontalières où se trouvent de fortes minorités ethniques et religieuses : au Kurdistan, au Khouzistan (à la frontière du sud de l’Irak) et au Sistan-Balouchistan (à la frontière du Pakistan).