Inquiétude après la disparition d’un ancien général iranien 8 mars 2007
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Le Figaro (France), Mercredi 7 mars 2007
Delphine Minoui, Téhéran
En d’autres temps, l’affaire, révélée la semaine dernière par un quotidien turc, serait peut-être passée inaperçue. Mais l’inquiétude régionale, déclenchée de toutes parts, par la disparition d’un ancien général iranien des Gardiens de la révolution est, d’une certaine façon, révélatrice des tensions qui animent actuellement le Proche-Orient. Rappel des faits : le 7 février dernier, Ali Reza Asghari, ancien vice-ministre iranien de la Défense sous la présidence de Mohammad Khatami aurait disparu, selon le journal Hürriyet, alors qu’il était en visite à Istanbul.
Depuis, aucune nouvelle de cet homme de 63 ans, qui détiendrait, toujours selon ce quotidien, des informations importantes sur le programme nucléaire iranien. Seule trace de son passage : une réservation payée cash, en son nom, et pour trois nuits, dans un grand hôtel de la capitale économique turque. Après un mois de silence, la République islamique a fini par réagir officiellement, hier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, en demandant des « explications aux autorités turques ».
Pour l’heure, les circonstances mystérieuses de cette disparition laissent la place aux rumeurs les plus contradictoires. Cet ancien membre de l’armée idéologique iranienne aurait-il été enlevé par « les services de renseignements occidentaux », comme le laissait entendre, hier, le chef de la police iranienne, Ismaël AhmadiMoghadam ? Ou bien aurait-il, de son propre chef, décidé de déserter, en vue de s’exiler aux États-Unis, comme le suggèrent certains médias turcs et arabes ?
D’après la presse israélienne, – qui suit l’affaire de très près -, l’homme, présenté par l’agence de presse iranienne Mehr, comme un retraité du ministère iranien de la Défense, ne serait pas n’importe qui : il aurait joué un rôle important dans les « missions spéciales » menées au Liban par les Gardiens de la révolution à l’époque de la capture en 1986 de l’aviateur israélien Ron Arad. Les médias de Jérusalem rappellent qu’Israël accuse l’Iran de le détenir, ce que Téhéran nie. D’après la radio israélienne, Asghari aurait également servi d’agent de liaison avec le Hezbollah et « d’autres organisations terroristes » dans le monde.
Une affaire sur fond d’inquiétude occidentale D’où les craintes formulées ces derniers jours par Israël, qui redoute l’organisation d’enlèvements ou d’attentats de la part de l’Iran. « Il est normal de se méfier de l’Iran lorsque des rumeurs pareilles circulent dans la région », confiait, hier, à l’AFP, un haut responsable israélien sous couvert de l’anonymat, en signalant que Téhéran, via le Hezbollah, avait déjà attaqué au début des années 1990 des représentations juives et israéliennes à Buenos Aires. Rumeurs, accusations multiples, paranoïa générale…
L’ampleur du débat provoqué, ces dernières 24 heures, par la disparition de cet ancien vice-ministre iranien, illustre, à sa façon, l’ambiance tendue qui prévaut dans cette région du monde. L’affaire intervient sur fond d’inquiétude occidentale face au programme nucléaire iranien et à l’heure où des sanctions renforcées sont à l’ordre du jour. Les États-Unis et Israël accusent aussi Téhéran de soutenir la milice libanaise chiite du Hezbollah.
En comparant, à plusieurs reprises, l’État hébreu à une tumeur « qu’il faut rayer de la carte », Mahmoud Ahmadinejad n’a fait qu’accroître les inquiétudes d’Israël, qui n’a pas exclu de riposter en cas de menace iranienne renforcée. Les propos du président iranien sont pourtant loin de faire l’unanimité à Téhéran. Une grande partie de la classe politique a d’ailleurs tenu récemment à se distinguer publiquement de Mahmoud Ahmadinejad , – y compris un des proches conseillers du guide suprême -, de peur que ses diatribes enflammées ne provoquent un conflit régional.
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