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Pourquoi jouer ainsi avec la peur de l’autre ? 15 mars 2007

Posted by Acturca in France, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Courrier international, no. 854, jeudi 15 mars 2007, p. 15

Zaman (Istanbul)

Dans le système politique français, le président dispose de pouvoirs étendus, si bien que savoir qui sera le gagnant de l’élection présidentielle de mai est important, non seulement pour la France, mais aussi pour de nombreux autres pays. Le candidat de droite, Nicolas Sarkozy, qui affirme que, »ensemble, tout devient possible », paraît avoir la faveur des milieux conservateurs. Il veut que la France retrouve sa grandeur passée. Mais, par ailleurs, il semble partisan d’une Europe politique. Il pense que, comme à l’époque du général de Gaulle, la France et l’Allemagne doivent être le moteur de l’Union européenne (UE), et estime que la Grande-Bretagne est un obstacle sur le chemin de l’intégration européenne. Si le monde n’avait pas changé depuis la lointaine époque de De Gaulle, la vision de Nicolas Sarkozy serait juste. Aujourd’hui, le Royaume-Uni [qui soutient activement l’adhésion de la Turquie] appartient à l’Union – et c’en est même un membre puissant -, n’en déplaise à la France. Sarkozy soutient aussi que la France serait plus forte si elle entrait plus résolument dans la dynamique de la mondialisation. En outre, il promet de s’attaquer au problème de l’immigration par des mesures strictes, même si cela paraît difficile à concilier avec sa défense de la mondialisation. L’autre thème important de sa campagne est son rejet de l’adhésion de la Turquie à l’Union. Il nous perçoit comme l’immigrant, l’étranger, l’autre musulman.

Dans son esprit, la Turquie n’est pas un pays européen, et, à l’en croire, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont favorables à son entrée dans l’Union dans l’unique but de diluer un peu plus l’Europe politique. Mais il ne comprend pas que l’UE doit compter en son sein un membre comme la Turquie si elle veut devenir un acteur politique régional ou mondial. En fait, Sarkozy flatte les tendances nationalistes des Français en s’opposant à l’adhésion de la Turquie et en évoquant les dangers d’une immigration incontrôlée. De plus, dire que la Turquie n’est pas un pays européen sous prétexte qu’elle ne reconnaît pas le « génocide arménien », c’est le début d’un dangereux processus pour la France et pour l’ensemble de l’UE. Car l’Europe unie est née en tirant les leçons de l’Histoire, pas en la réécrivant. Si Sarkozy l’emporte, l’UE déterminera sans la France sa relation avec la Turquie. Enfin, le débat sur l’avenir de l’Union se focalisera sur la Turquie, reléguant à l’arrière-plan les questions de fond en matière d’élargissement. Au final, ces blocages aideront la Turquie, qui pourra prendre son temps pour adapter le droit européen et préparer à son rythme son entrée dans l’Union.

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