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Le livre de campagne de Ségolène Royal 26 mars 2007

Posted by Acturca in France, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Le Monde (France), lundi 26 mars 2007, p. 15 (extrait)

Pour ou contre l’entrée de la Turquie dans l’Europe ?

J’y suis favorable sur le principe mais pas maintenant, car l’Europe est en panne et, avant de l’élargir, il faut la relancer. On m’a reproché d’avoir dit que ma position serait celle du peuple français. Eh bien, oui ! Car l’adhésion de la Turquie sera, le moment venu, soumise en France à un référendum dont le résultat dictera la position que le chef de l’Etat aura mission de défendre.

A terme, la Turquie a vocation à rejoindre l’Europe à condition qu’elle satisfasse aux critères d’adhésion, qui ne sont pas seulement économiques et comptables mais également démocratiques. On ne doit pas opposer à la Turquie un argument géographique : l’Europe n’est pas un territoire – Paul Valéry la définissait comme « un petit cap asiatique » – mais un projet politique. L’argument religieux ne tient pas non plus : un pays dont la majorité de la population est musulmane a parfaitement sa place dans une Europe qui n’est pas un club de nations chrétiennes et compte depuis des siècles, dans les pays de l’Est et des Balkans qui l’ont rejointe, des millions de musulmans pleinement européens.

Du point de vue géostratégique, l’Europe a beaucoup à gagner à l’intégration de la Turquie. Quelle belle démonstration dans un monde hanté par le choc des civilisations ! Les démocrates turcs en sont ardemment partisans, car la perspective européenne aide à y consolider un Etat de droit. Elle les aide aussi dans leur combat contre ce négationnisme d’Etat qu’est le refus de reconnaître le génocide arménien. Beaucoup de solides raisons militent donc pour accueillir dans l’Union un pays qui est membre depuis longtemps du Conseil de l’Europe.

Les motifs pour lesquels je n’y suis, dans l’immédiat, pas favorable ne tiennent pas à la Turquie mais à l’Europe : elle a besoin d’une pause et d’un temps de stabilisation de ses frontières, car, aujourd’hui, la plupart de ses habitants ne savent plus où elle commence et où elle s’arrête, à quoi elle sert et où elle va. L’Europe a besoin, je le répète, de faire la preuve de son utilité concrète dans la vie quotidienne de ceux qu’elle réunit déjà. Ses élargissements successifs sans consultation populaire ont été vécus comme un déni démocratique et, souvent, une dilatation angoissante : de plus en plus de pays membres mais un projet politique et social de plus en plus flou. Or qui sont aujourd’hui les plus chauds partisans de son élargissement maximum ? Ceux qui réduisent l’Europe à un grand marché le moins régulé possible (…).

Maintenant, Hachette Littératures, 336 pages, 18 euro.

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