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Ankara juge les candidats à l’aune de son entrée dans l’Europe 17 avril 2007

Posted by Acturca in France, Turkey / Turquie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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La Croix (France), no. 37722, jeudi 12 avril 2007, p. 3

Delphine Nerbollier , Istamboul, de notre correspondante.

Ségolène Royal semble avoir la préférence des observateurs turcs, tandis que Nicolas Sarkozy est jugé pragmatique et François Bayrou trop idéologue. 

Le vent a tourné. Jusqu’à présent, aucun des trois principaux candidats à la présidentielle française n’avait sa place dans le coeur des Turcs. Entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou, ouvertement opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et Ségolène Royal, déclarant à l’automne dernier que sa « position serait celle du peuple français », Ankara se faisait peu d’illusions sur le soutien du futur président. « Si j’avais la possibilité de voter, il est évident que je ne choisirais aucun de ces trois candidats », confiait début janvier à La Croix un diplomate turc.

Or, ceci était vrai jusqu’à ce que Ségolène Royal se dise « favorable sur le principe » à l’adhésion d’Ankara. « Je pense que ce serait une erreur de rejeter la Turquie parce que c’est la Turquie, a-t-elle déclaré le 16 mars dernier, sur le plateau de France 2. Je pense (toutefois) que la Turquie ne remplit pas les conditions aujourd’hui et qu’il faut une pause (dans l’élargissement) pour que l’Europe, déjà, fonctionne bien. » Erdal Safak, chroniqueur au quotidien Sabah, estime même que la candidate socialiste pourrait assouplir sa position sur la nécessité pour la Turquie de reconnaître le génocide arménien avant de devenir membre de l’Union.

Plus virulents, les commentaires concernant Nicolas Sarkozy et François Bayrou tournent autour d’une seule question : qui, des deux, pourrait porter le plus de tort à Ankara ? D’après Cengiz Aktar, fin connaisseur de la vie politique française, le candidat de l’UDF donnera certainement davantage de fil à retordre. « François Bayrou est un pro-Européen convaincu mais il est tout aussi convaincu que la Turquie n’a pas sa place en Europe. Il s’oppose, par principe, à son adhésion. Il est le plus idéologue des candidats sur le sujet et, s’il est élu, il gérera personnellement le dossier, contrairement à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. » Le candidat de l’UDF estime que la Turquie n’est « pas européenne » et que son adhésion entraînera « une dispersion de l’Europe ».

Nicolas Sarkozy, quant à lui, fait l’objet de plus nombreuses spéculations. Si le candidat de l’UMP répète à tout va son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE – « La Turquie dans l’Europe, pour moi c’est non », a-t-il déclaré le 1er mars -, il reste perçu de l’autre côté du Bosphore comme le plus pragmatique. « Une fois au pouvoir, il s’adaptera, juge Erdal Safak. Prenez le cas de la chancelière allemande Angela Merkel. Elle est personnellement opposée à l’adhésion de la Turquie mais s’est engagée à poursuivre la politique de ses prédécesseurs. » Cengiz Aktar souligne de son côté deux points chez Nicolas Sarkozy : son atlantisme, qui pourrait le pousser à suivre les conseils des États-Unis, favorables à Ankara, et le fait qu’il ait été élevé par son grand-père, juif de Thessalonique, une ville qui faisait partie de l’Empire ottoman jusqu’en 1912. « Nicolas Sarkozy est de fait sensible à ces terres. »

Quelle que soit l’issue du scrutin, une amélioration rapide des relations entre la France et la Turquie paraît peu envisageable depuis la signature d’un accord de coopération avec Chypre et le vote en première lecture d’une proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien. Et si Nicolas Sarkozy ne soutient pas cette loi, Ségolène Royal a rappelé que son ministre des affaires étrangères, en cas de victoire, maintiendrait le cap sur le dossier. « Peu importe ! tempête Cengiz Aktar. Le mal est fait de toute manière. Les Turcs agissent comme si cette loi était déjà passée. » Seul le départ de Jacques Chirac, « ami sincère de la Turquie », d’après Erdal Safak, semble réellement attrister les Turcs. Bien que critiqué pour avoir appelé les Français à se prononcer sur le traité européen et plongé l’Union dans la crise, le président sortant reste perçu comme l’un des artisans de l’officialisation de la candidature turque.

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