Ils phosphorent vers le Bosphore 30 mai 2007
Posted by Acturca in France, Istanbul, Turkey / Turquie.Tags: France, Istanbul, Turkey / Turquie
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Le Figaro (France), no. 19538, lundi 28 mai 2007, p. 26
Martin Couturié
Seize duos de figaristes en régate dans la course qui relie Marseille à Istanbul Des années que cela dure. Le printemps venu, les figaristes pointent le bout du nez au bord de la Méditerranée et comme des gamins émerveillés, ils en redécouvrent les charmes avec ravissement. Le soleil, la chaleur et la brise volage. L’année dernière, pour leur premier voyage vers la Turquie, ils avaient dû slalomer entre les calmes et les tempêtes pour rejoindre la belle Istanbul et recevoir un accueil enthousiaste. Cette année, les seize duos en régate depuis samedi, au départ de Marseille, rêvent d’une Méditerranée plus compréhensible. À tort ? Jean-Marie Vidal, le directeur sportif de course, se méfie : « J’adore la Méditerranée mais je connais ses caprices. Comme les gens d’ici, elle est un peu extrême. »
Le double vainqueur de la Solitaire (organisée par L’Aurore puis Le Figaro) en 1972 et 1987 a tenté de limiter les risques de dérapage. En découpant les 1 520 milles en quatre étapes. Marseille-Trapani (Sicile, 490 milles) puis Trapani-Foça (Turquie, 773 milles), Foça-Bozcaada (110 milles), et Gelibolu-Istanbul (140 milles). Incitation au voyage, découverte, géographie et cap sur l’histoire. « Je suis heureux de ce clin d’oeil. C’est de Foça que sont partis les Phocéens, fondateurs de Marseille. Et là-bas, les Turques attendent la course avec impatience », rappelle Vidal.
Créée par un marin homme d’affaires franco-turc, Cumali Varer, cette course Cap Istanbul a pour mission essentielle de permettre le renforcement des liens et des échanges entre la France et la Turquie, à une époque délicate de leur relation. Richement dotée (150 000 euros), elle a réussi à s’imposer comme l’épreuve méditerranéenne du calendrier de la classe Figaro Bénéteau, au détriment de la plus ancienne mais locale Solo Porquerolles. À mi-chemin entre la transatlantique en solitaire de début de saison (Trophée BPE) et la reine de l’été (Solitaire Afflelou Le Figaro), elle a attiré seize duos de marins, dont bon nombre de jeunes loups. Les tandems Lunven-Krauss, Rouxel-Israël, Treussart-Marchand, Rivet-Hardy ne dépassent pas la cinquantaine et regardent avec envie l’expérience des Pavant-Duprey, Chabagny-Bérenger, Bestaven-Guerin, Tabarly-Attanasio (les tenants du titre) et Pellecuer-Gabart (vainqueurs du prologue jeudi).
L’« ancien » Jean-Marie Vidal, sept participations à la Solitaire, retrouve cette génération biberon avec un plaisir non dissimulé mais quelque peu teinté de regret. Éternel conflit de générations ? « C’est une classe que j’aime bien mais l’enjeu y est trop élevé. Pour ses marins, montrer les dents, c’est affirmer leur caractère professionnel. À notre époque, nous avions plus une approche de la mer et de l’aventure. C’est ce que je vais essayer de leur transmettre jusqu’à Istanbul. »
Après le départ ensoleillé au pied de la « Bonne Mère », samedi, et un début de traversée mouvementé puis mollasson hier, les premiers bateaux sont attendus à partir de demain, à Trapani. Le duo Drouglazet-Bouvet (Luisina Design) mène les débats devant Bestaven-Guerin (Aquarelle.com). Mais la route est encore longue, sur cette Méditerranée piégeuse, avant le final prévu le 14 juin à Istanbul. Les figaristes n’ont pas fini de phosphorer vers le Bosphore.
Illustration(s) :
Départ, samedi, de la première étape de Cap Istanbul.
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