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Equivoques turques 31 mai 2007

Posted by Acturca in France, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Les Echos (France), no. 19928, mercredi 30 mai 2007, p. 16

La chronique de favilla

En passe de frayer un passage à son projet de traité simplifié européen, Nicolas Sarkozy devra mettre un bémol, au moins diplomatique, à son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’Europe. On l’accusera peut-être alors en France de comportement équivoque. A vrai dire, divers partenaires trouvent quelque confort à l’abri de cet autre « non » français. Car à part le Royaume-Uni, champion de l’Europe poreuse, suivi par les Scandinaves et les Italiens, la plupart des autres s’y disent favorables par concession à un certain politiquement correct. L’interminable processus d’adhésion l’illustre. Ces attitudes peu lisibles sont sans doute le reflet des équivoques de la Turquie elle-même.

On passera sur son appartenance géographique à l’Asie mineure, sauf une infime bande de terre au Bosphore. Mais depuis l’Union douanière de 1996, les deux tiers de son commerce extérieur se font avec l’Union européenne, et, depuis 2003, sa croissance annuelle de 7 % la place en tête de l’OCDE. Ses « tigres anatoliens », petites entreprises performantes, la situent dans les premiers mondiaux dans le textile, le mobilier ou l’équipement électrique ; le niveau de vie moyen a quasiment doublé en cinq ans, l’inflation a été réduite, les législations fiscale et du travail ont été normalisées et modernisées, la Banque centrale a gagné en indépendance. En revanche, son déficit extérieur est lourd, le sous-développement de l’Est et du Sud-Est préoccupant, les inégalités aggravées, et le problème kurde menace toujours l’unité nationale. Il faut reconnaître à Recep Erdogan le mérite de cette gestion. Mais son positionnement d’« islamiste modéré », habile compositeur avec l’écrasante majorité de musulmans de ce pays de 72 millions d’habitants, le rend fragile aux faiblesses d’une partie de ses troupes pour la propagande de son voisin iranien, au reste son allié objectif contre le séparatisme kurde. En face, les défenseurs de la laïcité kémaliste manifestent violemment leur vigilance contre ces dérives. L’armée, gardienne de ces principes et toujours prête aux coups d’Etat (quatre en quarante ans), vient de tirer un dangereux coup de semonce, qui a barré la route de la présidence à un membre de l’AKP d’Erdogan et redonné vigueur à une tournure nationaliste des mouvements d’opposition. Cette République démocratique, en somme, met en présence des forces qui ne sont pas toutes favorables à la démocratie. Au surplus, l’agitation ambiante a provoqué quelques attentats islamistes sanglants et une montée de l’isolationnisme dans les rangs des laïcs. Les investisseurs étrangers s’inquiètent des résultats des élections diverses à venir à partir de fin juillet. Les principales victimes pourraient bien en être la croissance… et la cause européenne en Turquie même. Certains pensent qu’au total il suffit d’attendre un peu pour que s’impose la fin de l’équivoque de l’adhésion turque.

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