« Ankara sous pression »

L’Express (France), 1 Novembre 2007, N°. 2939, Pg. 64

Propos recueillis par Nükte V. Ortaq

Trois questions à Can Paker, président du centre d’analyse Tesev, la Fondation turque des études économiques et sociales.

Pourquoi la guérilla du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) a-t-elle récemment intensifié ses attaques contre les forces turques à la frontière avec l’Irak ?

Sa stratégie est évidente : son objectif est de conduire la Turquie à la guerre dans un Irak gagné par le chaos afin de la couper de ses alliés européens et américain.

Les attaques du PKK accroissent la pression des ultranationalistes turcs. Que faut-il en attendre ?

Ce climat de tension peut provoquer des affrontements entre Kurdes et Turcs dans tout le pays. Lors des élections, en juillet, l’AKP, la formation au pouvoir à Ankara, avait gagné des voix dans la région kurde. Le PKK est en perte de vitesse chez les Kurdes de Turquie et ses attaques ne facilitent pas l’expressiondes députés prokurdes(DTP), partisans d’une ­solution pacifique.

Quelle est la stratégie du gouvernement turc ?

Il subit une pression considérable de la part de l’armée et de l’opposition, qui plaident pour l’intervention dans le nord de l’Irak. Mais tout dépend des Etats-Unis. Wa­shington ne voulait pas mettre en péril ses liens avec les Kurdes d’Irak. Pourtant, dé­sormais, les Américains évoluent : ils commencent, par exemple, à partager des renseignements avec Ankara.