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Manoeuvres internationales contre une intervention turque en Irak du Nord 5 novembre 2007

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, USA / Etats-Unis.
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Libération (France), 3 novembre 2007 samedi, Pg. 9

Marc Semo

C’est un double et crucial rendez-vous diplomatique. A Ankara, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, tentent de convaincre les autorités turques de ne pas intervenir en Irak du nord contre les bases arrières des rebelles kurdes du PKK. Parallèlement, à Istanbul, la conférence des six pays voisins de l’Irak avec les membres permanents du Conseil de sécurité et ceux du G8 a commencé vendredi, en fin de journée.

Les risques d’une intervention militaire turque sont-ils réels ?

Avec 100 000 hommes massés à la frontière, Ankara fait monter la tension depuis le 21 octobre, après que des rebelles du PKK ont tué 12 soldats turcs et en ont capturé huit autres lors d’une embuscade. Le gouvernement de l’AKP – issu du mouvement islamiste – a néanmoins toujours laissé la porte ouverte à une solution diplomatique. »Le sujet sur notre agenda est une opération militaire mais pas une guerre et nous espérons qu’elle ne sera pas nécessaire »,affirmait encore en début de semaine le premier ministre Recep Tayyip Erdogan devant son parti, qui, mi-octobre, avait voté au Parlement l’autorisation pour une opération transfrontalière. L’armée, qui faisait pression pour une telle intervention, en connaît aussi les risques et les limites : il y en a eu 24 dans le passé, sans résultat notable.

Accusé de tolérer sur son territoire le PKK, aussi considéré comme une organisation terroriste par Washington et l’Union européenne, Massoud Barzani – président du Kurdistan irakien, qui échappe totalement à la tutelle de Bagdad depuis 1991 – a beau jeu de souligner que »l’armée turque elle-même n’a pas réussi à éradiquer en vingt-trois ans le PKK ».Face à une opinion chauffée à blanc, il sera en tout cas difficile pour le gouvernement turc de faire machine arrière sans obtenir de réelles garanties américaines. « Nous sommes arrivés à un point où le temps des paroles est fini et où celui de l’action commence »,affirmait vendredi le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, à l’issue de ses entretiens avec Condoleezza Rice.

Que peuvent entreprendre les Américains ?

Depuis le début de cette nouvelle crise, les Etats-Unis appellent Ankara « à la retenue »pour ne pas déstabiliser le Kurdistan irakien, qui reste épargné par le chaos. Condoleezza Rice, lors de son arrivée à Ankara, a de nouveau souligné que le PKK »est l’ennemi de la Turquie, des Etats-Unis et de l’Irak ».Les Turcs clament qu’ils en ont assez des mots creux, d’autant que la commission tripartite avec les autorités kurdes locales, créée il y a un an, n’a rien donné.

L’embarras de Washington est toujours plus tangible, coincé entre d’un côté une Turquie pilier du flanc du sud-est de l’Otan, qui joue un rôle essentiel dans la logistique pour la guerre en Irak, et de l’autre leurs protégés kurdes. Pour agir »efficacement »,l’administration américaine promet notamment une coopération plus étroite dans le renseignement. La visite de Recep Tayyip Erdogan à Washington, lundi, pourrait être le tournant de la crise. Mais Ankara est sous la pression d’une opinion turque devenue massivement antiaméricaine, convaincue que les Etats-Unis veulent démanteler leur pays.

Les Turcs vont-ils utiliser l’arme économique ?

La plupart des biens consommés dans le Kurdistan irakien viennent de Turquie, de même que l’électricité et l’essence. Les exportations turques à direction de la zone ont ainsi atteint 1,2 milliard d’euros pour les huit premiers mois de l’année. En outre, les droits de douanes sur le transit des marchandises à destination du reste de l’Irak remplissent les caisses du gouvernement régional de Massoud Barzani.

Le Conseil national de sécurité turc a préconisé la semaine dernière des sanctions économiques, mais elles auraient un effet boomerang dans le sud-est du pays, à majorité kurde, où près de 300 000 personnes vivent directement ou indirectement du commerce avec l’Irak.

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