Le Pen dénonce « le double jeu » du président de la République sur Ankara

Le Figaro (France), N° 19716, Vendredi 21 Décembre 2007, Pg. 6

Guillaume Perrault

Les souverainistes de droite, de Jean-Marie Le Pen à Nicolas Dupont-Aignan, ne décolèrent pas. La suppression de l’obligation de consulter les Français par référendum sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, qui figure dans l’avant-projet de loi sur la réforme des institutions, suscite un tollé.

« Nicolas Sarkozy veut se donner les moyens de ne pas consulter la nation sur ce sujet capital, accuse Nicolas Dupont-Aignan. Tout doit être fait pour empêcher cette révision de la Constitution. » Pour le président de Debout la République, « les parlementaires UMP, dont l’accord est indispensable pour faire sauter le verrou du référendum, portent une responsabilité écrasante devant les Français ».

Le secrétaire général du MPF de Philippe de Villiers, Guillaume Peltier, rappelle que « le traité sur la Constitution européenne, qui a été rejeté par 54,68 % des Français lors du référendum du 29 mai 2005, avait été approuvé par 92 % des parlementaires trois mois plus tôt ».

Paul-Marie Coûteaux, député européen souverainiste, ajoute que « la réforme des institutions n’est qu’un prétexte pour supprimer à cette occasion la garantie du référendum. Sarkozy a pris cet engagement auprès de Merkel lors des négociations sur le pseudo traité simplifié ».

« L’opposition de Sarkozy à l’entrée de la Turquie n’aura duré que quelques mois, le temps de ne pas éveiller les soupçons des Français », enchérit Jean-Marie Le Pen. En privé, le président du Front national affirme même que « le double jeu de Sarkozy envers la Turquie lui rappelle celui de De Gaulle envers l’Algérie ». Et il veut croire que la révision de la Constitution va ramener à lui les électeurs du FN qui avaient voté pour le candidat UMP dès le premier tour de la présidentielle.