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South Stream et Nabucco, les deux gazoducs de la discorde entre Union européenne et Russie 21 janvier 2008

Posted by Acturca in Energy / Energie, EU / UE, Russia / Russie, South East Europe / Europe du Sud-Est.
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Le Monde (France), 19 janvier 2008, p. 15

Jean-Michel Bezat

Gazprom veut racheter NIS, la compagnie pétrolière serbe, pour associer ce pays à son projet de gazoduc sud-européen, concurrent de celui voulu par Bruxelles 

La chronique des relations tendues entre l’Union européenne (UE) et la Russie sur les dossiers énergétiques se poursuit aux marches de l’Europe. En proposant de racheter la majorité de NIS, la compagnie nationale des pétroles de Serbie, en échange de l’association de ce pays à son projet de gazoduc sud-européen South Stream, Gazprom cherche à tuer dans l’oeuf le pipeline baptisé  » Nabucco  » défendu par Bruxelles pour limiter la dépendance des pays européens au gaz russe.

La visite de Vladimir Poutine en Bulgarie, jeudi 17 et vendredi 18 janvier, s’inscrit dans le même cadre : convaincre Sofia, déjà partenaire de Nabucco, de s’associer à South Stream, que Gazprom projette de construire avec la compagnie pétrolière italienne ENI pour transporter le gaz russe vers l’Europe. Le président russe sera accompagné de son très probable successeur au Kremlin, Dmitri Medvedev, qui est aussi président du conseil d’administration de Gazprom.

Jusqu’au dernier moment, Russes et Bulgares ont âprement négocié la participation de la Bulgarie au consortium Gazprom-ENI. Les négociations butaient sur la propriété du gazoduc et les droits de transit payés par Gazprom. Fraîchement entré dans l’UE, Sofia est également partagé entre sa volonté de s’ancrer en Europe et sa dépendance à un ancien  » grand frère  » encore très présent : Moscou lui fournit 100 % de son gaz et va construire la future centrale nucléaire de Bélène.

L’accord avec la Serbie, lui, n’est pas finalisé. Gazprom a proposé 400 millions d’euros pour acquérir 51 % de NIS et se dit prêt à investir 500 millions pour moderniser les infrastructures et construire des stockages en Serbie. En échange, Moscou a proposé de mettre le pays sur le tracé de South Stream et de poursuivre son soutien à Belgrade dans le conflit qui l’oppose à l’UE et aux Etats-Unis sur le statut du Kosovo. Si une partie du gouvernement serbe a défendu l’option russe au nom de la stabilité énergétique, des dirigeants plus proches des Européens ont plaidé sans succès pour une vente aux enchères de NIS, gage d’un plus juste prix et d’une plus grande ouverture à l’Ouest.

Echapper à l’emprise de Gazprom

Les 400 millions avancés par Gazprom ont été jugés dérisoires par le ministre serbe de l’économie. Mladjan Dinkic, qui estime la proposition russe  » humiliante  » pour son pays. Il rappelle que l’Etat pourrait en retirer cinq à sept fois plus en vendant NIS à des groupes candidats comme l’autrichien OMV ou le hongrois MOL, prêts à faire des offres supérieures à celle des Russes.

Cette opération s’inscrit dans une stratégie globale de Gazprom pour assurer des débouchés à son gaz par le sud de l’Europe. La Russie envisage de faire de la Bulgarie un carrefour d’où partiraient deux branches de South Stream arrivant de Russie sous la mer Noire : l’une vers la Grèce et l’Italie, l’autre vers la Hongrie en passant éventuellement par la Serbie. En juin, Gazprom et ENI sont tombés d’accord pour construire la partie du tuyau qui doit passer sous la mer Noire.

Ce pipeline en direction de l’Europe compromettrait le projet Nabucco, pénalisé par les incertitudes sur son financement et son approvisionnement. Ce  » pipe  » de 3 400 kilomètres, dont le coût est évalué à près de 5 milliards d’euros, doit acheminer le gaz de la région de la Caspienne – voire de l’Iran – jusqu’en Autriche en passant par la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Il serait alimenté par les champs d’Azerbaïdjan et du Kazakhstan. L’apport des ressources en provenance d’Iran est bien plus incertain, les Etats-Unis s’opposant à ce que Téhéran alimente l’Europe via Nabucco.

L’UE, qui veut diversifier ses fournisseurs, souhaite qu’une partie de son approvisionnement échappe à l’emprise croissante de la Russie et soutient Nabucco. Mais y a-t-il de la place pour deux pipelines ? La part du gaz russe consommé en Europe devrait passer à terme de 25 % à 50 % compte tenu de la taille des réserves de Russie, les plus importantes du monde. Plus Nabucco prend du retard, plus le projet russe avance.

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