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Les enjeux de la présidentielle chypriote 18 février 2008

Posted by Acturca in South East Europe / Europe du Sud-Est.
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Le Temps (Suisse), 16 février 2008

Delphine Nerbollier, Nicosie

Les adversaires du président sortant entendent relancer le processus de paix.

«Cette élection est l’une des plus importantes de notre histoire.» Takis Hadjidemetriou, président de l’Institut d’études sociopolitiques de Nicosie, ose les grands mots, à la veille du premier tour du scrutin présidentiel de dimanche. Quatre ans après l’échec du plan de paix de l’ONU, rejeté par 76% des Chypriotes grecs mais approuvé par 65% des Chypriotes turcs, le président sortant, Tassos Papadopoulos, semble incapable de rééditer l’exploit de 2003, et d’être élu dès le premier tour. Car cette année, les électeurs le placent au coude-à-coude avec le candidat de gauche, Demetris Christofias et le candidat de centre droit, Ioannis Kasoulides.

«Nous avons trois candidats mais deux approches divergentes, analyse Takis Hadjidemetriou. L’approche idéaliste, représentée par Tassos Papadopoulos, demande la meilleure solution possible pour la réunification de l’île. Les deux autres candidats prônent le compromis et le pragmatisme. Les jeunes et les actifs soutiennent cette deuxième vision.»

Aucun progrès en quatre ans

2008 sera-t-elle l’année d’une reprise des négociations sur l’avenir de l’île divisée depuis l’invasion du nord de l’île par la Turquie en 1974 ? Les deux concurrents de Tassos Papadopoulos l’espèrent. «Cette élection est la première depuis notre entrée dans l’UE et depuis le rejet du plan Annan en 2004.» «En quatre ans, il n’y a eu aucun progrès, ce qui nous rapproche dangereusement d’une séparation pure et simple de l’île. Nous devons bouger si nous ne voulons pas être tenus pour responsables.»

Ioannis Kasoulides veut rencontrer, dès le lendemain de son éventuelle élection, le représentant de la communauté chypriote turque, Mehmet Ali Talat – accessoirement président de la République turque de Chypre Nord, reconnue par la seule Turquie. Son concurrent Demetris Christofias, connu pour ses contacts réguliers avec les Chypriotes turcs, souhaite lui aussi prendre contact avec l’UE et l’ONU pour que des nouvelles négociations s’ouvrent. Pour ces candidats, le temps est venu de redorer le blason du pays mis à mal par le rejet du plan de paix et par les positions jugées intransigeantes de Tassos Papadopoulos. Elsie Christofias, l’épouse du candidat, en est convaincue. «Le rejet du plan Annan ne signifiait pas un refus de faire la paix. La très grande majorité des Chypriotes souhaitent une réunification de l’île.»

L’ONU est impatiente

Dans les rues de Nicosie, ces élections passionnent effectivement, mais la prudence est de mise. «A chaque scrutin, chez nous, en Grèce, ou en Turquie, nous espérons. Mais cela n’a abouti à rien», regrette une fonctionnaire qui, après 34 années de conflit, reste meurtrie. Elle refuse de retourner dans son village natal, dans le nord. Selon une enquête réalisée par les Nations unies en février 2007, 40% des Chypriotes grecs ne seraient jamais passés au nord depuis l’ouverture, en 2003, de points de passage sur la «ligne verte». «Il est hors de question que je montre ma carte d’identité pour aller chez moi», confirme Mario, un épicier.

Les Nations unies, présentes depuis 1964, s’impatientent, elles aussi. «Il est aujourd’hui légitime de se demander si la volonté politique pour négocier existe vraiment», estime José Diaz, le porte-parole de l’ONU à Nicosie. «2008 porte toutefois de nombreux espoirs d’ouverture.» L’ONU envisage l’envoi d’une délégation, chargée d’accompagner une reprise des négociations, et cela, quelle que soit l’issue des élections.

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