Massa en pacha 12 mai 2008
Posted by Acturca in Istanbul.Tags: Felipe Massa, Ferrari, Grand Prix de Turquie de F 1, Istanbul, Kimi Räikkönen, Lewis Hamilton
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L’Équipe (France), 12 mai 2008, p. 20
Stéphane Barbé, Istanbul – de notre envoyé spécial
En Turquie, le pilote Ferrari s’est imposé pour la troisième fois en trois ans. Contraint à une stratégie sans espoir, Hamilton finit 2.
Felipe Massa a signé hier à Istanbul la quatrième victoire de Ferrari cette saison. Il rejoint Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) à la deuxième place du Championnat. Troisième, Kimi Räikkönen sauve quelques points précieux.
Si l’archéologie situe avec justesse les vestiges de l’ancienne Troie dans l’actuelle Turquie, alors aucun doute : Felipe Massa est bien ce héros légendaire, cet « homme de Troie », triple vainqueur, trois années de suite, du Grand Prix de Turquie de F 1. Qui plus est, à chaque fois au volant d’une Ferrari, marquée du petit cheval cabré… Pour autant, la bataille qu’il dut livrer, hier, pour s’imposer à la McLaren-Mercedes de Lewis Hamilton n’eut rien d’homérique.
Au départ, tirant parti de sa position sur le bon côté de la piste, nettoyée par les passages successifs des F 1 sur cette trajectoire durant toutes les séances d’essais, Hamilton avait pu se glisser habilement dans le sillage de la Ferrari de Massa. À l’inverse, sur la partie sale et moins adhérente, Heikki Kovalainen n’avait pas profité de sa place en première ligne sur la grille de départ, pour la première fois de sa carrière. L’envol fut plus hésitant, perturbant aussi pour Kimi Räikkönen qui le suivait. Les monoplaces des deux Finlandais s’effleurèrent, se touchèrent presque, au freinage du premier virage. Du bout de l’aileron avant, la Ferrari vînt crever le pneu arrière gauche de la McLaren. Sans un violent coup de frein du champion du monde, le contact aurait pu être plus rude – comme celui qui propulsa la Force India de Fisichella à quelques centimètres au-dessus du casque de Nakajima… – mais la course des deux compatriotes s’en trouva tout de même définitivement affectée. Kovalainen repartit bon dernier à la fin du deuxième tour, pour terminer 12. Räikkönen, seulement 6 à la sortie du premier virage, traîna ce handicap initial durant toute la course, plus grave qu’un déflecteur d’aileron légèrement tordu mais sans réel effet négatif sur le comportement de sa F 1.
Cela laissait donc devant la Ferrari de Massa et la McLaren de Hamilton pour une explication parfois à couteaux tirés mais finalement aux dés pipés. À grands coups de meilleurs temps tour après tour, Hamilton, déchaîné, requinqué après son petit coup de spleen de la veille à l’issue des qualifications, ne laissait aucun répit à Massa, pas impressionné pour un sou. Moins d’une seconde séparait souvent les deux F 1 dont les pilotes, à 220 km/h de moyenne, signaient des chronos identiques à quelques centièmes de seconde près. Le rythme se maintint de la sorte jusqu’au 16 tour, avec le premier arrêt ravitaillement de Hamilton.
« C’est quand il est reparti que nous avons compris, à son allure, que Hamilton était sur une stratégie de course à trois arrêts », commenta ensuite Stefano Domenicali, le directeur sportif de la Scuderia Ferrari. Soit un de plus que Massa qui, sans erreur de sa part ou ennui mécanique, avait donc presque course gagnée. La ruse du Britannique pour tenter d’introduire le doute dans l’esprit du Brésilien avait fait long feu. « C’est pour cela que nous avons averti Felipe de ne pas trop chercher à résister au moment où Hamilton risquait de l’attaquer », concluait Domenicali. Ce qui ne manqua pas d’arriver.
Une fois le Brésilien repassé lui aussi par les stands et donc beaucoup plus chargé en carburant, la McLaren revint sur la Ferrari au grand galop. Au bout de la longue ligne droite qui précède les trois virolets avant le retour vers les stands, Massa fit à peine semblant de résister, mettant un mouchoir sur son orgueil de pilote – « O.K. ! passe. On se retrouvera au prochain ravitaillement », avoua-t-il – refusant une guerre qui n’aurait pas lieu.
Au 24 tour, Hamilton, qui avait jeudi dernier qualifié de « la pire des choses » sa participation à une reconstitution théâtrale de l’invasion de Troie, était, cette fois, bel et bien dans la place, la première. Sauf que le ver était aussi dans le fruit. S’agissait-il de réglages propres à la McLaren-Mercedes de Hamilton ? À son style de pilotage ? Contrairement à ce qui avait été décidé, à l’origine, pour celle de Kovalainen, Bridgestone avait suggéré que le Britannique adoptât cette stratégie à trois arrêts, de peur que le pneu avant droit de sa monoplace, trop longtemps sollicité dans le terrible triple gauche n 8, ne tienne pas le coup. L’an dernier déjà à Istanbul, Hamilton avait perdu la 3 place après qu’un pneu se fut déchiré. Cette stratégie obligatoire condamnait toute chance de victoire. Elle révélait aussi une certaine faiblesse de la McLaren face aux Ferrari, contrainte à un choix de stratégie risqué et différent pour espérer devancer ses adversaires.
Le piège fonctionna d’ailleurs en partie puisque Hamilton, absolument irréprochable dans la façon dont il s’acquitta de cette course forcément menée à la hussarde, parvint à éviter un troisième doublé Ferrari de rang, devançant Räikkönen, trop heureux de « ramener de bons points » comme il se l’est promis chaque fois que la victoire sera impossible.
Elle l’est encore pour BMW, dont les F 1 08 n’étaient pas adaptées à ce circuit (Kubica et Heidfeld terminent 4 et 5) mais qui espèrent beaucoup pour le prochain rendez-vous, à Monaco. Elle l’est toujours pour Fernando Alonso, lui aussi auteur de la course parfaite aux dires de ses ingénieurs, mais pour une 6 place seulement qui, si elle démontre la constance retrouvée de la Renault dans le résultat, la situe encore trop loin pour vraiment participer au show.
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