La Turquie est en position délicate face à la crise géorgienne 2 septembre 2008
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Le Monde (France), 2 septembre 2008, p. 6
Guillaume Perrier
Voisine attentive du conflit qui s’est déclenché en Géorgie, le 7 août, la Turquie a, jusqu’à présent, fait preuve de retenue dans ses commentaires. Histoire de ne pas trop froisser Moscou, avec qui elle entretient des relations commerciales fructueuses (7 milliards d’euros par an).
Membre de l’OTAN et allié des Etats-Unis dans la région, partenaire stratégique et énergétique de la Géorgie, Ankara veut, malgré ce handicap, jouer la carte du dialogue. Le ministre des affaires étrangères, Ali Babacan, recevait, dimanche à Istanbul, son homologue géorgien, Eka Tkeshelashvili. Et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est attendu mardi pour des entretiens.
» Quand les armes se taisent, il est temps pour la diplomatie de s’activer « , a déclaré, dimanche, M. Babacan. L’idée turque est de créer une » plate-forme pour la coopération et la stabilité dans le Caucase « , qui réunirait la Géorgie, la Russie et la Turquie, mais aussi l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en conflit depuis 1993 sur la province azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, sous contrôle arménien. » Tant que la Russie ne quitte pas la Géorgie et n’applique pas totalement l’accord de cessez-le-feu, mon pays ne peut pas s’engager dans un dialogue « , a objecté la ministre géorgienne, tout en qualifiant le projet de » positif « . Mme Tkeshelashvili a exprimé sa crainte d’un » effet domino » dans la région, scénario que la Turquie cherche à éviter.
Ankara est en position inconfortable. Pour Cengiz Aktar, politologue et universitaire, la Turquie est » prise au piège « , empêtrée dans des alliances contradictoires, à la recherche d’un équilibre impossible. Certains analystes se demandent si l’alliance avec l’OTAN ne va pas souffrir de ce manque de clarté. Et sa dépendance vis-à-vis du gaz russe rend la Turquie vulnérable.
Représailles russes
Avec la Russie, les relations se sont déjà tendues. La décision du gouvernement turc d’autoriser, il y a dix jours, le passage de trois navires américains, officiellement chargés d’aide humanitaire, vers la mer Noire a considérablement irrité Moscou. En vertu du traité de Montreux, signé en 1936, la Turquie contrôle le passage des détroits des Dardanelles et du Bosphore. Le tonnage des navires de guerre autorisés à faire route vers la mer Noire est limité. Et aucun bâtiment militaire appartenant à un pays non riverain de la mer Noire ne peut séjourner dans ses eaux plus de vingt et un jours. Une règle que Moscou a sèchement rappelée à la Turquie.
Les représailles n’ont d’ailleurs pas tardé. Depuis une semaine, des milliers de camions turcs ont été bloqués aux frontières russes et les réglementations douanières visant les marchandises venues de Turquie ont été renforcées, ce qui pourrait coûter cher aux compagnies turques : 2 à 3 milliards de dollars, selon le ministre du commerce extérieur, Kursad Tüzmen. Celui-ci a annoncé que son gouvernement retirait son soutien à l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
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