Gül en Arménie, un passage obligé pour devenir un acteur régional de poids 5 septembre 2008
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Agence France Presse, 5 septembre 2008
Nicolas Cheviron
La visite historique du président turc Abdullah Gül samedi à Erevan devrait, en atténuant les tensions entre la Turquie et l’Arménie, permettre à Ankara d’asseoir sa position d’interlocuteur obligé dans la gestion des crises régionales, estiment les analystes.
Depuis plusieurs mois, la diplomatie turque multiplie médiations et bons offices auprès des pays proches: entre la Syrie et l’Israël -la Turquie accueille les négociateurs des deux pays-, entre l’Iran et les puissances occidentales sur la question du nucléaire iranien.
Après le déclenchement en août du conflit entre la Géorgie et la Russie pour le contrôle du territoire séparatiste géorgien d’Ossétie du Sud, Ankara a une nouvelle fois offert ses services en proposant la création d’un forum de coopération pour le Caucase visant à rétablir la stabilité régionale.
Mais pour devenir une « force de paix » crédible, il faut encore que la Turquie entame un processus de normalisation avec l’Arménie, l’un des derniers pays avec lequel subsistent des tensions, estime Sedat Laçiner, spécialiste des relations internationales auprès de l’institut USAK.
« La Turquie est un grand pays de 70 millions d’habitants, elle n’a pas besoin de l’Arménie mais il s’agit du dernier pays avec lequel elle n’a pas résolu ses différends », affirme le scientifique. « Une première étape est d’établir un dialogue ».
« La Turquie ne peut pas avoir l’image d’un pays qui a des conflits avec les petits pays qui l’entourent », confirme Beril Dedeoglu, professeur de relations internationales à l’université stambouliote de Galatasaray.
La visite de M. Gül, invité par son homologue Serge Sarkissian à l’occasion du match Arménie-Turquie de qualification pour le Mondial 2010 de football, sera la première d’un chef d’Etat turc en Arménie depuis l’indépendance de cette ancienne république soviétique en 1991.
Ankara et Erevan n’entretiennent pas de relations diplomatiques à cause de leurs divergences sur le caractère génocidaire des massacres d’Arméniens commis entre 1915 et 1917 en Anatolie.
La Turquie a par ailleurs fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993 pour soutenir l’Azerbaïdjan turcophone dans son conflit avec l’Arménie sur la région du Nagorny-Karabakh.
L’annonce de la visite a déjà porté des fruits en terme d’image, la présidence française de l’Union européenne, avec laquelle la Turquie a entamé en 2004 des négociations d’adhésion, ayant salué jeudi « un geste fort et encourageant ».
M. Sarkissian a quant à lui affiché son soutien au projet turc de forum pour le Caucase, affirmant que l’Arménie « apprécie tous les efforts visant à renforcer la confiance, la stabilité et la sécurité (…) dans la région ».
Selon M. Laçiner, la crise géorgienne pourrait encourager la partie arménienne à un rapprochement avec la Turquie.
« L’Arménie a vraiment besoin de la Turquie. Son unique voie d’accès au reste du monde. La Géorgie n’est plus sûre », affirme-t-il, ajoutant que « la Turquie peut devenir un pont entre l’Arménie et l’Occident ».
Pour autant, peu de progrès immédiats sont à attendre, tant la défiance est grande entre les deux pays, commente Mme Dedeoglu.
« Il y a des risques pour M. Gül, aussi bien que pour le gouvernement à Erevan, en raison de l’hostilité des milieux nationalistes. Il va y avoir des résistances », explique-t-elle.
« Si les relations d’ordre culturel se poursuivent, ces résistances finiront par faiblir », espère toutefois l’universitaire, qui se dit convaincue du désir du gouvernement turc de rouvrir, à terme, la frontière avec l’Arménie.
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