Ahmet Insel * 20 septembre 2008
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Libération (France)
20 septembre 2008
Depuis que l’adhésion de la Turquie à l’UE s’est révélée successivement plausible, possible et enfin prévisible, le débat sur les frontières de l’Europe est devenu passionnel. En effet, le cas turc rassemble tous les cas limites de la réflexion sur l’élargissement. Limite géographique certes, mais aussi limites culturelle, religieuse, démographique, politique et économique.
Pour ceux qui ne veulent pas voir la Turquie dans l’Europe, ces cas limites sont de précieux refuges. Ils permettent de soutenir que l’on n’est pas contre la Turquie spécialement, mais contre un élargissement frénétique. Manifestement, sur les épaules de l’Europe vieillissante, pèse une lassitude de l’élargissement. Remarquons que cette fatigue ne s’exprime pas avec la même vigueur quand il s’agit de la Croatie, de la Macédoine, voire de la Bosnie ou de la Serbie. Il en est de même pour l’Ukraine ou la Moldavie. Tous ces pays sont tous considérés naturellement comme faisant partie de cette Europe.
Le cas turc soulève finalement une autre question : existe-t-il des frontières naturelles à l’Europe ? La carte actuelle de l’UE fournit elle-même une réponse négative, mais ce débat est vain. Les vraies frontières sont construites dans l’imaginaire. D’où la question de la capacité de cet imaginaire à pouvoir fonder l’Europe des temps à venir. Une Europe fermée sur elle-même, dans des frontières qu’elle décrète naturelles, ou une Europe dynamique offrant un modèle pour résoudre les nouveaux problèmes planétaires qui nous inquiètent tous ?
* Economiste, professeur à l’université de Galatasaray (Turquie)
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