Le partenaire turc ne pardonne pas l’«irrespect» d’Israël 22 janvier 2009
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Le Temps (Suisse), 22 janvier 2009
Serge Dumont
La relation entre Ankara et Tel-Aviv remise en cause.
Les dirigeants israéliens s’attendaient à ce que l’opération «Plomb durci» soit critiquée par la communauté internationale. Ils n’ont donc pas été étonnés que le Venezuela et la Bolivie rompent leurs relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, et que la Mauritanie et le Qatar les gèlent. Quant au rappel de l’ambassadeur de Jordanie à Tel-Aviv, il était attendu.
Assumées également, les difficultés avec l’Egypte, qui digère mal le fait qu’Israël et les Etats-Unis aient négocié dans son dos un accord portant sur la surveillance du «couloir Philadelphie» (la zone frontalière avec la bande de Gaza sous laquelle serpentent des tunnels de contrebande).
En revanche, le premier ministre, Ehoud Olmert, et sa cheffe de la diplomatie, Tzipi Livni, n’avaient pas imaginé que la Turquie, avec laquelle leur pays entretient des relations politiques, économiques et militaires de première importance, condamnerait aussi durement l’offensive à Gaza.
Médiation pour la Syrie
«La méthode employée par Israël est un coup porté aux initiatives de paix», a déclaré le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Dans la foulée, ce dernier a taxé Ehoud Olmert d’«irrespectueux» parce qu’il ne l’avait pas prévenu de ce qui se préparait. Il a ensuite dénoncé les bombardements de civils palestiniens et accusé Israël de «défier le monde» avant de remettre en question sa médiation dans le cadre de négociations de paix indirectes entre l’Etat hébreu et la Syrie.
«Dans l’état actuel des relations entre Jérusalem et Ankara, la Turquie aura effectivement du mal à poursuivre son rôle de médiateur. D’ailleurs, Israël n’y pense même plus puisque les élections législatives se dérouleront dans moins de trois semaines et qu’il n’est pas certain que la majorité issue des urnes veuille poursuivre le processus», affirme Allon Liel, un ancien représentant de l’Etat hébreu à Ankara, pour lequel les relations économiques entre les deux pays vont souffrir du refroidissement israélo-turc. «Israël redoute notamment de voir la Turquie annuler sa commande de drones ainsi que de contrats portant sur l’amélioration de chars M-60 ainsi que sur la fourniture de matériel électronique de surveillance», dit-il. «A terme, cette dégradation des relations entre Jérusalem et Ankara pourrait aussi provoquer le report de manœuvres militaires que des soldats des deux pays effectuent régulièrement en commun. Que se passera-t-il avec les nombreux produits turcs vendus en Israël? Que feront les 550000 touristes israéliens qui passent régulièrement leurs vacances en Turquie? Celle-ci livrera-t-elle encore de l’eau à Israël? Si la crise perdure, les deux partenaires auront beaucoup à y perdre.»
La perte sera d’autant plus sévère pour Israël que la Turquie constitue pour ses services une excellente plate-forme d’observation de la Syrie et de l’Irak. En outre, des avions de Tsahal s’entraînent régulièrement dans l’espace aérien turc. A terme, ils risquent de devoir aller le faire ailleurs.
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