Les Turcs de Bordeaux ont tremblé avant de chanter 27 février 2009
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Sud Ouest (France), 27 février 2009, p. 20
Gabriel Pereira
Les supporters du Galatasaray étaient réunis, hier soir, place Bir-Hakeim Devant le bar Tequila, place Bir-Hakeim, les supporters du Galatasaray commencent à élever la voix. Le match va débuter. Vedat, la vingtaine, est confiant. « Je pense que Galatasaray va gagner. Pas de doute. Je suis sûr que le nouvel entraîneur, Korkmaz, va beaucoup apporter à l’équipe. » Un peu plus loin, au Futbol Café, la tension monte. Abdurrahman fume une dernière cigarette avant le coup d’envoi. Il se frotte les mains. « Je sens qu’on va assister à un grand match », lâche-t-il.
Pour le patron, Jem, l’affiche Galatasaray-Bordeaux a une saveur particulière. « J’aime les deux équipes. Tout ce que je demande, c’est de voir des buts et un beau spectacle. » Même son de cloche pour Yasar, professeur de Turc. Le sourire en coin, il déclare connaître le nouvel entraîneur de Galatasaray dont tout le monde parle. « J’ai une maison en Turquie, au bord de la mer. Korkmaz, c’est mon voisin ! » Behcet, fine barbe et veste en cuir, y va de son commentaire : « Le nouvel entraîneur connaît bien l’équipe. Il y a lui-même joué pendant longtemps. »
« Je n’ai plus de voix »
Oui mais voilà, la première minute prend l’allure d’un drame au Futbol Café. Bordeaux vient d’ouvrir le score. Behcet lève les bras au ciel. Une bronca commence à monter. Dans un coin, Kazim, le frère du patron, reçoit un texto sur son portable. « C’est un ami bordelais, il me charrie. » Pourtant, Kazim avoue qu’il soutient généralement les Girondins. « Au match aller, je me suis rendu au stade Chaban-Delmas avec le t-shirt de Galatasaray et l’écharpe de Bordeaux… Les autres m’ont regardé de travers. » Aucune schizophrénie chez ce peintre en bâtiment : « J’aime Bordeaux, tout simplement. J’habite ici depuis 1981 et je m’y sens bien », explique-t-il.
Patatras. Au premier rang, Behcet et ses amis laissent exploser leur joie. Ils grimpent sur les chaises. Et tapent du poing sur le zinc. Les Turcs ont marqué deux buts, coup sur coup. À la mi-temps, Behcet sort prendre l’air. « Je n’ai déjà plus de voix. Ce que j’aime avec cette équipe, c’est sa capacité à se relever. »
À l’intérieur, Jem et Kazim sont heureux. « Ce n’est pas la foule des grands jours, mais il y a de l’ambiance. Il n’y a pas si longtemps, le bar avait brûlé. On se relance petit à petit… Ça fait plaisir de se voir entre copains. » Il est 21 heures. Bordeaux est revenu au score. On entend plus que le bruit du flipper au fond de la salle. Abdurrahman a la tête dans les mains.
À côté, Behcet tape du pied. « Allez, ils vont revenir, ils vont revenir. » Et ils reviennent ! Score final : 4-3. Il fallait avoir les nerfs solides. Les supporters se précipitent vers la sortie du bar pour crier leur joie. Kazim brandit de nouveau son portable. Il écrit à son ami : « Ils sont où les Girondins ? »
C’est trop cruel
L’Équipe (France), 27 février 2009, p. 10
Istanbul, de notre envoyé spécial Bernard Lions
Coupe de l’UEFA (seizièmes de finale retour) – Galatasaray – Bordeaux : 4-3
Les Girondins se sont inclinés à la dernière minute d’un match au scénario incroyable, hier soir.
Les Girondins auraient pu prendre un kif, plaisir quasi philosophique et très oriental, immense, hier soir. Sous la pluie, dans le froid et dans une ambiance hostile, ils ont livré un vrai, un formidable match de Coupe d’Europe. Mais alors qu’ils pensaient avoir réussi le plus dur en égalisant à 3-3 par Cavenaghi à un quart d’heure de la fin et au moment où ils semblaient à l’agonie, ils ont finalement perdu dans les derniers instants du temps réglementaire.
Les voilà donc éliminés, comme l’an passé, dès ces seizièmes de finale de la Coupe de l’UEFA. Après avoir enchaîné les cadences infernales, Bordeaux va désormais devoir apprendre à vivre au ralenti. Il disputera juste trois matches, du 2 mars au 3 avril. Pas sûr que ce chômage forcé conviendra à son riche effectif. Les non-internationaux risquent de trouver le temps long.
Les Girondins doivent leur futur ennui à eux-mêmes et au scénario hollywoodien de cette partie. Tout avait pourtant bien commencé. Bellion ouvrit le score onze secondes seulement après un coup d’envoi précédé d’une minute de silence jouée au clairon en mémoire des neuf victimes turques du crash aérien d’Amsterdam.
Le match venait à peine de débuter que Blanc semblait parti pour remporter sa « guerre des coaches ». L’inconnue de cette partie consistait en effet à savoir quelle équipe Bülent Korkmaz alignerait.
Et Sabri assomma Bordeaux
À l’aller, Michael Skibbe, son prédécesseur, avait bétonné « le cœur du jeu » cher au Cévenol, en plaçant trois récupérateurs devant une défense à cinq. Pour ses débuts à la tête de Galatasaray, Korkmaz choisit un 4-4-1-1.
Plutôt que de remplacer Gourcuff poste pour poste par Jussiê, Blanc lui répondit en optant finalement pour un 4-4-2 à plat. Ce schéma visait à renforcer l’entrejeu et à occuper les côtés. Cela ne fonctionna qu’à moitié, tant Galatasaray enfonça le flanc droit. Hakan expédia un centre-tir dans le petit filet (10). Puis, il vit Diawara dévisser son centre sur la barre (13). La blessure de Mehmet Topal obligea Korkmaz à faire entrer Kewell milieu droit et à passer en 4-2-3-1 (19). Jusque-là sans imagination, les techniciens turcs se mirent alors à appuyer là où ça fait mal : sur le flanc de Placente. Ce changement de tactique intervint au moment où Bordeaux commençait à baisser de pied et à casser son bloc-équipe. Cela ne pardonna pas. Surtout que les Aquitains oublièrent qu’une mi-temps se joue sur quarante-cinq minutes au moins. Ils encaissèrent ainsi deux buts venus du côté de… Placente avant la pause (42 et 44).
Mais Bordeaux possède une ressource inépuisable. Elle se nomme Cavenaghi. Après être sorti du banc pour offrir le but du 2-3 à Chamakh (73), ce dernier lui rendit involontairement la politesse (75). Bordeaux eut alors le tort de se remettre à reculer. Sabri profita d’un corner pour offrir la victoire aux siens à la dernière minute. Les Girondins n’avaient plus encaissé quatre buts depuis leur défaite contre Chelsea (0-4), en phase de poules de la Ligue des champions, le 16 septembre 2008. Ce n’est décidément pas Byzance en ce moment pour Bordeaux.
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