Sivas bouscule le football turc 28 février 2009
Posted by Acturca in Istanbul, Turkey / Turquie.Tags: Bülent Uygun, Besiktas, Fenerbahçe, football, Galatasaray, Ibrahim Dagasan, Istanbul, Sivas, Sivasspor, Trabzonspor, Turkey / Turquie
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Le Monde (France), 28 février 2009, p. 25
Guillaume Perrier
Sivasspor, petit club anatolien, domine le championnat, devant les équipes d’Istanbul. Sivasspor, c’est la fierté de l’Anatolie « , clame fièrement Metin Özdemir, supporteur inconditionnel de l’équipe de football de sa ville de Sivas, une cité perdue au milieu de la plaine anatolienne. Les joueurs de ce modeste club de première division turque enchaînent les exploits depuis le début de la saison. A treize journées de la fin, Sivasspor occupe la tête du classement, avec seulement deux défaites, et une avance confortable sur les grands clubs turcs habitués à truster les titres.
En cinquante ans d’existence, le championnat professionnel de Turquie n’a connu que quatre vainqueurs. Les trois grands noms d’Istanbul, Fenerbahçe, Galatasaray et Besiktas, l’ont emporté 44 fois sur 50, laissant seulement six titres à Trabzonspor, le dernier remontant à 1984. Pour la première fois, cette année, un nouveau venu, Sivas, bouscule la domination historique de la capitale.
Dans le match au sommet du week-end, samedi 28 février, à Istanbul, qui les opposera à Fenerbahçe, le riche club de la rive asiatique du Bosphore aux 100 millions d’euros de budget, les rouge et blanc de Sivas bénéficieront du soutien de milliers de supporteurs originaires de cette ville déshéritée. » On sera tous derrière eux « , promet un chauffeur de minibus d’Istanbul, une corporation largement composée d’immigrés de Sivas. Sivasspor ne craint plus les rencontres contre ces clubs au budget dix ou vingt fois supérieur.
Plus personne ne doute des capacités de l’équipe, à l’image de son joueur français, le méconnu Yannick Kamanan, recruté cet hiver au Maccabi Tel-Aviv pour 350 000 euros et auteur de plusieurs buts décisifs ces dernières semaines. » Il y a un enthousiasme populaire dans cette petite ville qui veut faire parler d’elle, une envie d’aller plus haut « , raconte Kamanan, à la sortie d’un entraînement.
Joueurs revanchards
Certes, les installations, au milieu des champs enneigés, sont sommaires. Les équipes adverses se plaignent de devoir venir à Sivas jouer sur une pelouse gelée pendant les mois d’hiver. L’équipe, sans vedette ni gros salaires, sans traducteurs personnels ni attachés de presse, est composée de joueurs revanchards : un Camerounais, Hervé Tum, passé par la France, un Brésilien, un Israélien et quelques joueurs turcs méconnus, chaperonnés par Bülent Uygun, entraîneur rond et charismatique, sorte de Guy Roux turc.
» L’an dernier, nous avions terminé 4e, à la porte de la Ligue des champions. Tout le monde pensait que c’était un coup de chance. Et là on est premier du championnat « , se satisfait Ibrahim Dagasan, un franco-turc qui a grandi à Trélazet, près d’Angers.
La perspective du titre est dans toutes les têtes. » Ça nous changerait des victoires des équipes de milliardaires « , note un supporteur venu assister à la préparation des joueurs. En tenant tête aux grands, Sivas s’attire ainsi la sympathie de millions d’amateurs de football du pays.
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