UE/Turquie: Olli Rehn appelle à une coopération énergétique accrue

Agence Europe

5 mars 2009, Bruxelles

Le fait qu’il n’y ait toujours pas de consensus au Conseil pour ouvrir le chapitre « énergie » dans les négociations d’adhésion avec la Turquie (Chypre continue à bloquer ce dossier en raison d’une dispute avec Ankara sur l’exploration des ressources de gaz et de pétrole dans la mer Egée) ne doit pas empêcher l’UE et la Turquie d’approfondir entre-temps leur coopération énergétique, notamment sur le projet de gazoduc « Nabucco » auquel les Vingt-sept attachent « la plus haute priorité », estime Olli Rehn. La Turquie devrait aussi adhérer à la communauté de l’énergie de l’Europe du Sud-Est et poursuivre l’alignement de sa législation énergétique sur celle de l’UE (en particulier sur le transit énergétique et la libéralisation du marché du gaz), a dit le commissaire à l’Élargissement, lors d’une conférence sur la Turquie organisée par le European Policy Center (EPC) mercredi 4 mars à Bruxelles.

Une intensification de la coopération énergétique est dans l’intérêt immédiat des deux parties et pourrait, par ailleurs, faciliter les futures négociations d’adhésion sur ce chapitre, a encore estimé M. Rehn qui a parlé de la Turquie comme un « partenaire clé ».

La récente crise gazière entre la Russie et l’Ukraine a clairement montré que l’UE doit rapidement diversifier ses voies d’approvisionnement énergétique, a insisté M. Rehn. Le projet de gazoduc Nabucco, qui relierait les pays producteurs de la mer Caspienne aux marchés européens en passant par la Turquie, serait une alternative cruciale dont la réalisation concrète devrait être « accélérée » avec la participation active de la Turquie, a plaidé M. Rehn. Le ministre turc de l’Énergie, Hilmi Güler, qui participait également à la conférence de l’EPC, n’a pas laissé de doute que le gouvernement turc est déterminé à soutenir le projet. La Turquie se comprend comme « un pont énergétique naturel » entre les réserves gazières et pétrolières de la mer Caspienne et du Moyen-Orient et les consommateurs d’énergie en Europe, et le pays souhaite progresser rapidement dans la réalisation de Nabucco, a-t-il dit. « Nous ne voulons pas perdre de temps », a poursuivi le ministre turc, « car la sécurité d’approvisionnement énergétique de l’Union européenne nous importe autant que notre propre sécurité ». Observation intéressante: à aucun moment, M. Güler n’a lié la participation turque à Nabucco à l’ouverture rapide des négociations d’adhésion sur le chapitre énergétique (en janvier, lors de sa visite à Bruxelles, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait été beaucoup plus ambigu, laissant entendre qu’il pourrait lier les deux dossiers, EUROPE N° 9821). Ankara a déjà transmis au consortium de Nabucco sa position qui prévoit que le droit de transit à travers son territoire pourra s’élever jusqu’à 15% de la valeur du gaz transité, a laissé entendre M. Güler. Tout en plaidant pour une diversification de l’approvisionnement énergétique de l’UE, Olli Rehn a salué « la décision de la Suède d’avoir recours au nucléaire ». « J’espère que d’autres pays suivront », a-t-il ajouté. (H.B.)