La résistible ascension des islamistes de l’AKP 31 mars 2009
Posted by Acturca in Turkey / Turquie.Tags: AKP, élection, CHP, Recep Tayyip Erdogan, Rusen Cakir, Turkey / Turquie
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Libération (France), 31 mars 2009, p. 9
Marc Semo
C’est un échec, même si l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, reste de loin la première force politique turque à l’issue des élections municipales de dimanche. « Je ne suis pas satisfait car le résultant aurait dû être meilleur, mais le peuple a parlé, et il faudra en tirer les leçons », a reconnu le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, manifestement déçu.
Electroménagers
Malgré une intense campagne et des distributions massives d’aides ou de « cadeaux » électroménagers aux plus pauvres, l’AKP n’a pas réussi à conquérir Diyarbakir, la capitale du Sud-Est à majorité kurde, ni Izmir, place forte du CHP (Parti républicain du peuple), la principale force de l’opposition laïque. Cette dernière engrange de bons résultats à Istanbul et Ankara, bien que les deux plus grandes villes du pays restent aux mains de l’AKP.
Sur fond de crise économique, ce scrutin était devenu un référendum sur l’AKP un an et demi après son triomphe aux législatives de juillet 2007, où il avait remporté 47 % des voix. Peu après, la justice ouvrait une procédure d’interdiction contre ce parti pour activités antilaïques, qui avait finalement échoué en juillet. Erdogan voulait un signal clair des électeurs. Avec à peine 39 % des suffrages, selon des résultats non encore définitifs, ce parti connaît son premier recul électoral depuis son arrivée au pouvoir. A la veille du vote, le Premier ministre clamait qu’un résultat inférieur à celui des législatives serait « un échec ».
« L’usure du pouvoir subie par l’AKP ne s’était pas traduite dans les urnes ces deux dernières années à cause de la tension avec le camp laïc et l’armée, qui a galvanisé leur électorat, mais maintenant elle apparaît dans toute son évidence », analyse l’économiste et politologue Ahmet Insel. La montée du chômage, qui dépasse désormais 13,9 %, et la panne de la croissance pénalisent le parti au pouvoir, déjà éclaboussé par plusieurs affaires de corruption.
« Déclin »
« C’est la fin d’une époque, et il ne sera pas simple pour Erdogan d’enrayer le déclin électoral », souligne pour sa part Rusen Çakir, spécialiste de l’islam politique turc. Inquiet, voire paniqué, par ce premier recul de sa jeune histoire, l’AKP risque bien une nouvelle fois de repousser à des temps meilleurs les nouvelles réformes, dont celle de la Constitution, souhaitées par Bruxelles dans le cadre des négociations d’adhésion.
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