jump to navigation

L’opposition kémaliste a trouvé son sauveur 6 avril 2009

Posted by Acturca in Istanbul, Turkey / Turquie.
Tags: , , , , ,
trackback

Le Temps (Suisse), 6 avril 2009

Delphine Nerbollier, Istanbul

Kemal Kilicdaroglu apparaît comme une alternative crédible à la vieille garde du CHP. Kemal Kilicdaroglu a manqué son objectif, faire tomber Istanbul dans les mains du Parti républicain du peuple (CHP) après quinze années de gestion par des formations de droite à tendance islamiste. Candidat malheureux de la formation kémaliste lors des élections municipales du 29 mars, ce député de 60 ans est pourtant l’un des vainqueurs de ce scrutin local. Avec 36,80% de suffrages, ce contrôleur des impôts peut en effet se vanter d’avoir fait bondir le score de ce parti créé en 1923 par le fondateur de la République laïque, Mustafa Kemal.

Durant la campagne, Kemal Kilicdaroglu a joué la carte inhabituelle de la lutte contre la corruption. «Il y a une culture de l’acceptation de la corruption dans ce pays, regrette-t-il. Nous voulons stopper cela et demandons que soient rendus publics les comptes des 23 grandes sociétés publiques de la ville.» Il a dévoilé l’implication de deux députés du parti au pouvoir (Parti de la justice et du développement, AKP) dans des affaires de corruption, les contraignant à la démission.

Kemal Kilicdaroglu, sauveur de l’opposition? Certains veulent y croire. Pour Fatih Altayli, dans le quotidien Haber Türk, il est l’«espoir» et le «leader naturel» du CHP, «le seul à ressortir de la terre morte du CHP». A en croire ses partisans, les atouts de cet économiste, encore inconnu il y a un an, sont nombreux. «Proche du peuple», «travailleur acharné», «modeste» – trop effacé selon certains –, ce député d’Istanbul, né d’une famille alévie de Tunceli dans l’est du Turquie, a évité de jouer la carte communautaire et a soutenu certaines ouvertures de son parti vers l’électorat religieux. Malgré son image de bureaucrate ankariote – il a dirigé d’importantes institutions publiques comme des organismes de sécurité sociale – il a su imposer un style nouveau au CHP à Istanbul en opposition avec celui de Deniz Baykal, le leader du CHP.

Justement, l’une des réussites de celui que les médias surnomment Gandhi est d’avoir ramené au bercail certains électeurs déçus par la rigidité laïciste et nationaliste de Deniz Baykal. A Istanbul, Kemal Kilicdaroglu a réussi à rallier les voix d’un électorat jeune et féminin qui avait déserté les bancs du parti. «Il n’a pas remporté Istanbul, mais il a gagné le respect de la jeunesse turque», explique Ahu, une étudiante de 22 ans.

Kemal Kilicdaroglu apparaît donc comme une alternative crédible à la vieille garde du parti. Ihsan Dagi, de l’Université technique du Moyen-Orient à Ankara, prédit une «crise interne» et une «transformation à long terme» du CHP à condition que Kemal Kilicdaroglu «abandonne son style bureaucratique». L’intéressé, lui, déclare ne pas avoir de telles ambitions. Cet économiste reste en effet fidèle à celui qui lui a mis le pied à l’étrier politique. Deniz Baykal, lui, s’est montré un brin embarrassé la semaine dernière par la popularité inattendue de son poulain. Interrogé sur la possibilité qu’il puisse prendre la tête du parti, il a tranché. «Pourquoi pas, bien sûr, si le parti le décide. Mais cela n’est pas à l’ordre du jour.»

Commentaires»

No comments yet — be the first.

Laisser un commentaire