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Le mythe de l’origine 8 mai 2009

Posted by Acturca in Academic / Académique, Books / Livres, Immigration, Turkey / Turquie.
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Le Vif / L’Express

8 mai 2009, p. 37

Ecrivaine et anthropologue, Pascale Jamoulle a enquêté dans le « quartier turc » de Bruxelles où, à travers le mariage, les identités d’ici et d’ailleurs se recomposent, non sans difficultés.

« Dans la troisième partie de mon ouvrage (1), j’ai tenté de comprendre les ressorts des mariages « arrangés », « forcés » ou « précoces » dans ce quartier de Bruxelles situé entre Schaerbeek et Saint-Josse où, d’après l’Atlas des quartiers de la population de Bruxelles-Capitale, 80 % des habitants sont d’origine turque.

Ces dernières années, ce petit territoire s’est paupérisé. Discriminée, une fraction de l’immigration turque s’est tournée vers le passé, élevant au rang de mythe la « pureté » de ses origines villageoises. Dans les familles traditionnelles de la région d’Emirdag, en Anatolie – d’où viennent la plupart des familles du quartier – trois générations cohabitent. Les mariages entre cousins et cousines sont privilégiés. Les fils et leurs épouses continuent à vivre chez les grands-parents paternels. Le père a autorité sur son fils, et la belle-mère, sur sa belle-fille. Pour les soins aux enfants, un saut de génération est culturellement organisé. Une mère élève les enfants de son fils, comme sa belle-mère a élevé les siens. Pour sauvegarder ces modes de vie, les mariages arrangés et l’importation de beaux-enfants du pays sont des enjeux capitaux, d’autant plus qu’ils constituent actuellement l’un des rares moyens d’émigrer légalement.

A contrario, le libre choix du conjoint et la mixité culturelle des couples risquent de disloquer ces grandes familles et leurs patrimoines, privant les parents du soutien de leurs fils et belles-filles, forçant les belles-mères à renoncer à l’éducation de leurs petits-enfants. Cependant, les familles se transforment. Mon enquête montre des bricolages inédits et créatifs de vie communautaire, qui restent solidaires tout en s’ouvrant aux mariages choisis, aux mélanges de cultures et aux transformations de l’autorité familiale.  »

(1) Fragments d’intime. Amours, corps et solitudes aux marges urbaines (La Découverte, 2009). Pascale Jamoulle travaille aussi au service de santé mentale Le Méridien (Saint-Josse) et au Laboratoire d’anthropologie prospective de l’UCL.

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