Les investisseurs doivent croire à la Turquie 19 mai 2009
Posted by Acturca in Economy / Economie, France, Turkey / Turquie.Tags: Axel Baroux, Clauger, Didier Chalard, exportation, France, industrie, investissement, Régine Weizmann, Rhône-Alpes, Turkey / Turquie, Ubifrance en Turquie
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Le Progrès (France), 19 mai 2009, p. 1
Fabien Randanne
p. 6
Les investisseurs doivent anticiper le rebond turc
L’économie turque est touchée de plein fouet par la crise. Il y a cependant des opportunités d’investissements dans plusieurs secteurs, et, du côté de la Mission économique Ubifrance, on espère une reprise rapide
Entre 2002 et 2007, la Turquie a réalisé un « miracle économique », pour reprendre les mots du ministre turc de l’Industrie et du commerce, Zafer Caglayan. En témoigne le taux moyen de croissance annuelle de 7 % enregistré sur cette période.
Il y a maintenant la crise et les prévisions pour 2009 s’orientent vers un chiffre négatif. Il faut dire que l’économie turque, très dépendante de l’Union européenne (plus de 50 % des débouchés à l’export) a subi les conséquences de l’affaissement de la demande extérieure de cette dernière. 90 % des ventes réalisées par la Turquie concernant des produits industriels (dont plus d’un quart sur les filières automobiles et acier), le ralentissement économique a aussi eu des conséquences sur l’appareil productif et exportateur. Ainsi, la production industrielle turque a enregistré une baisse de 21,3 % en janvier dernier (le secteur automobile a connu une chute de production de 60 % par rapport à 2008). Et le taux de chômage a atteint, en mars dernier, les 13,6 %, soit 3,2 millions de demandeurs d’emplois.
Face à un tel constat, il y a de quoi y réfléchir à deux fois avant d’investir en Turquie. Mais attendre une meilleure conjoncture n’est pas forcément la stratégie la plus pertinente. À en croire Régine Weizmann, chargée du marché turc à la CCI de Lyon, « il faut que les entreprises posent des jalons dès maintenant pour pouvoir rebondir au bon moment. » Avis partagé par Axel Baroux, directeur de la Mission économique – Ubifrance en Turquie : « Autant aujourd’hui le pays souffre, autant le rebond attendu sera rapide. La reprise pourrait avoir lieu au plus tôt au début du 3e trimestre de 2009 ou à l’horizon 2010. » Et Axel Baroux de mettre en avant les « bases solides de la Turquie ». « C’est aujourd’hui la 17e économie mondiale et la 5e économie émergente. Ces six dernières années, elle a enregistré la plus forte croissance des pays de l’OCDE. » Autre élément à prendre en compte, l’aide du FMI que la Turquie compte obtenir très prochainement pour redynamiser son économie.
Les principales opportunités d’affaires, pour les investisseurs potentiels, se trouvent dans le secteur de l’environnement. « Il y a 70 milliards d’euros à investir pour la reprise de l’acquis communautaire (nécessaire pour une éventuelle adhésion à l’UE, ndlr) », confie Axel Baroux. Du côté de la chimie, la demande est également importante, notamment en matières premières, biens et produits intermédiaires. Et le processus de modernisation des installations de production agricoles ouvre certains débouchés. Pour attirer les investisseurs étrangers, plusieurs mesures incitatives ont été mises en place. « Leur application varie en fonction du lieu de l’investissement, de son montant et de son motif », apprend-on sur le site d’Invest in Turkey ( www.invest.gov.tr ). Pour se lancer, « il faut s’appuyer sur des partenaires locaux, c’est un pays de réseaux », conseille Régine Weizmann. « Sur le marché turc, on traite les affaires comme dans n’importe quel autre pays d’Europe. Mais il y a une véritable complexité culturelle avec des codes de conduite, et il faut se garder d’évoquer des questions sociopolitiques avec ses interlocuteurs. »
« La Turquie est en attente de nos technologies »
Rencontre avec Didier Chalard, directeur commercial de la société Clauger (groupe Aquair), installée à Brignais
La société Clauger est spécialisée dans les applications de froid industriel et de conditionnement d’air de process à destination des industries agroalimentaires.
Clauger a réalisé sa première affaire en Turquie en 1992, mais cela fait surtout cinq ans qu’elle y travaille régulièrement. Depuis 2004, elle a traité avec une demi-douzaine de clients pour une quinzaine de chantiers consistant notamment en l’installation d’équipements de process pour l’industrie laitière.
Des chantiers qui, lors des cinq années écoulées, ont représenté un chiffre d’affaires annuel moyen de 500 000 euros, soit de 1 à 3 % du CA annuel de Clauger. « On a une équipe technique qui s’est spécialisée pour répondre à la demande de ce pays. Pour certains produits, tels que le « kaymakli » (une sorte de crème sucrée), il faut mettre au point des équipements de fabrication spécifiques. Nous avons dû nous adapter », explique Didier Chalard, le directeur commercial de la société. Ce dernier n’a pas de mal à dresser la liste des avantages du marché turc : « Pour nous, c’est un marché mature au niveau de la technologie. Il a besoin de process modernes pour s’équiper. Ce pays est constamment demandeur des technologies dont nous disposons en France. Par ailleurs, la Turquie peut être une tête de pont si l’on souhaite travailler avec l’Iran, par exemple. »
Alors, quel conseil donner à une entreprise qui souhaiterait aborder le marché turc ? « Le facteur humain est extrêmement important », précise Didier Chalard. « Il faut éviter les mails. Mieux vaut se rendre sur place régulièrement et établir une relation de confiance. Les Turcs sont fidèles en affaires. Néanmoins, les démarches sont plus compliquées que pour travailler en Bulgarie ou en Roumanie, par exemple, la partie administrative est assez complexe. »
Chiffres Clefs
La Turquie compte 72 millions d’habitants. L’âge moyen est de 28 ans.
En 2008, les exportations de Rhône-Alpes vers la Turquie ont atteint 836 millions d’euros (-8 % par rapport à 2006). La Turquie est le 14e pays client et le 20e pays fournisseur de la région. En tête des produits les plus exportés l’an dernier figurent les véhicules automobiles et services associés ainsi que les équipements pour automobiles.
387, 7 millions d’euros : c’est le montant des exportations du Rhône vers la Turquie, l’an passé (- 6,5 % par rapport à 2006). La Turquie est le neuvième pays client du département.
23 entreprises de la région – dont huit du Rhône et quatre de l’Ain – sont actuellement implantées en Turquie.
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