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Piqué sur la Turquie, Sarkozy boude la Suède 29 mai 2009

Posted by Acturca in EU / UE, France, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Libération (France), 29 mai 2009, p. 12

Jean Quatremer

Le chef de l’Etat a annulé son voyage officiel après le plaidoyer proturc d’un ministre suédois.

Nicolas Sarkozy a décidé, mercredi matin, d’annuler la visite d’Etat qu’il devait effectuer en Suède, mardi prochain. Officiellement, « pour des problèmes d’agenda » – la préparation de la visite de Barack Obama -, officieusement pour marquer son désaccord profond avec le plaidoyer proturc auquel s’est livré le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, dans un entretien publié lundi par le Figaro. Un incident diplomatique grave, quelques semaines avant le début de la présidence suédoise de l’Union européenne qui débute le 1er juillet.

Rythme. L’information a été révélée par le Monde, daté d’aujourd’hui, et a été confirmée à Libération par l’entourage du Président. Le voyage aura finalement lieu le 3 juillet, « et ce sera la première visite d’un responsable européen pendant la présidence suédoise », précise-t-on à l’Elysée, afin de souligner que l’incident n’a rien d’irrémédiable. Ce dont on peut douter, ce type d’accrocs n’étant pas anodin. Alors que Paris, mais aussi Berlin, plaide pour que l’on ralentisse le rythme des adhésions, Carl Bildt, fidèle à ses convictions, a insisté pour que l’on « évite d’arrêter les élargissements ». Pour lui, cela concerne aussi Ankara : « L’Europe a un intérêt stratégique de premier ordre à ce que la Turquie s’oriente vers elle. Si nous fermions la porte à la Turquie, nous encouragerions les tendances nationalistes […], et nous enverrions un signal très négatif au reste du monde. »

Des propos qui, en soi, n’ont rien de provocateur : la quasi-totalité des pays de l’Union est sur cette longueur d’onde, et ils ont même rappelé il y a quelques jours Paris à ses engagements. De fait, c’est à l’initiative de Jacques Chirac que les négociations d’adhésion ont été ouvertes avec Ankara. Mais on n’a guère apprécié à Paris que le chef de la diplomatie suédoise laisse entendre qu’il se faisait fort de faire changer d’avis le président de la République. De même, l’Elysée s’est senti visé lorsque Bildt affirme que sa « vision de l’Europe n’est pas aussi défensive que celle [qu’il] observe chez certains »…

En surréagissant à ces propos, Nicolas Sarkozy a, en réalité, voulu montrer aux Français que son refus d’intégrer la Turquie à l’UE n’est pas seulement à usage interne et qu’il ne tient pas un langage différent à l’étranger. Le silence du chef de l’Etat sur cette question à Stockholm aurait sans doute servi la campagne de ceux qui dénoncent son « double langage » sur la question, et ce, à quelques jours du scrutin. Et une prise de position officielle aurait tourné à l’affrontement ouvert avec la Suède.

Veto. Il est vrai que la subtilité de la position française peut échapper aux citoyens de base : alors que Paris a le pouvoir de bloquer définitivement les négociations d’adhésion en posant son veto, elle les laisse se poursuivre en annonçant qu’elle s’opposera in fine à une adhésion qui ne pourra avoir lieu que dans une dizaine d’années, au mieux… Au passage, Carl Bildt, qui vise le poste de ministre des Affaires étrangères de l’Union, a sans doute obéré ses chances…

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