Notre (leur) regard sur l’Orient

La Libre Belgique, 23/06/2009

Guy Duplat, envoyé spécial à Lille

En parallèle, avec Lille 3000 et « Europe XXL« , plus de 200 œuvres. Comment voit-on l’Orient à travers dessins, photos et art actuel.

L’événement « Europe XXL » à Lille continue avec de nouvelles expositions. Au musée des Beaux-Arts, « Miroirs d’Orient » présente des dessins et photos, du Maroc à l’Iran, de 1830 à aujourd’hui, pour montrer comment la culture orientaliste peut être le révélateur inattendu de nos attentes réciproques. L’Orient (la Turquie, le Maroc, l’Algérie) a fasciné un XIXe siècle à la découverte de la diversité du monde et d’un exotisme canalisé par nos attentes. On découvre avec plaisir les beaux dessins de Delacroix, Fromentin ou Marquette. Les premiers photographes à leur tour jouent la carte de l’exotisme, relayés par l’extension de la carte postale. De magnifiques photos, traitées comme la peinture et les premiers autochromes (photos couleurs) donnent l’image (ou le cliché) d’un Orient éternel et somnolent, biblique.

Depuis le 11 septembre 2001, l’Orient est le sujet de nouveaux fantasmes. La belle idée du musée est de confronter l’image du passé à celle d’artistes actuels venus d’Orient comme d’Occident. Yasmina Bouziane par exemple, renverse notre regard en rejouant les séances de pose ethnographiques des photographes anciens. L’Iranienne Shadi Ghadirian mêle subtilement les codes des photos anciennes, les archétypes voulus par la révolution iranienne et la présence des objets occidentaux honnis. La Japonaise Kimiko Yoshida montre une belle série d’autoportraits où elle pose avec les parures de mariées ethniques les plus diverses. L’Ukrainien Anton Solomoukha réinvente l’érotique bain turc d’Ingres, fantasme de l’Orient par excellence. Et le duo Kahn et Selsnick, montre un Orient factice tel qu’on le retrouve dans le cinéma populaire comme Star wars.

« Miroirs d’orient » au musée des Beaux-Arts de Lille, jusqu’au 31 août