La Turquie piétine aux portes de l’Union européenne 10 septembre 2009
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La Croix (France)
10 septembre 2009
Une commission indépendante présidée par Marti Ahtisaari, ancien président finlandais et prix Nobel de la paix 2008, et composée de personnalités européennes, dont Michel Rocard et l’ancien commissaire européen Emma Bonino, a rendu hier un rapport sur la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Il appelle à « briser le cercle vicieux » dans lequel se trouve le processus d’adhésion.
Où en est le processus de négociation ?
Membre du Conseil de l’Europe depuis 1949, la Turquie frappe aux portes de l’Union européenne depuis cinquante ans. En 1999, le Conseil européen déclare que cet État voisin a vocation à être candidat à l’entrée dans l’UE. En décembre 2004 les chefs d’État et de gouvernement des pays membres décident, à l’unanimité, d’ouvrir le processus de négociations qui démarre effectivement l’année suivante. Pour la Turquie, le chemin à parcourir vers une éventuelle adhésion semble clair : elle doit d’abord remplir une série de critères en matière économique et de droits de l’homme. Quand ces conditions seront remplies, son adhésion sera soumise à l’approbation de l’ensemble des États membres. Mais, quatre ans après le début de ce long parcours, le processus tourne au ralenti. « Plus de la moitié des 35 chapitres de négociation sont bloqués, soit formellement parce que la Turquie n’a pas mis en œuvre le protocole d’Ankara (NDLR : qui lui donne jusqu’à fin 2009 pour ouvrir ses ports aux bateaux chypriotes), soit informellement par un ou plusieurs États », constate la commission indépendante.
Qui s’oppose à l’adhésion de la Turquie ?
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, la France fait partie, avec l’Allemagne, des pays les plus opposés à une éventuelle entrée de la Turquie dans l’Union. Pour Nicolas Sarkozy, non seulement la Turquie ne doit pas y entrer, mais il faudrait même stopper net le processus de négociation. En lieu et place d’une adhésion, Paris et Berlin proposent à Ankara un « partenariat privilégié ». Hors de question, a déjà répondu le chef du gouvernement turc Recep Tayyip Erdogan, qui regrette que « certains pays (aient) adopté une attitude politique dans le processus de négociation ». De toute façon, relève la commission de Marti Ahtisaari, une telle solution n’apporterait « que peu de valeur ajoutée au statut actuel (de la Turquie) de membre associé et partenaire d’une union douanière. Aucun pays ne prendrait sur lui d’engager autant de réformes complexes (…) si ce n’était dans le but d’une adhésion complète. »
La candidature turque est-elle dans l’impasse ?
Même s’il reconnaît que le gouvernement turc doit encore intensifier ses efforts de réforme, le rapport rappelle les progrès accomplis en quatre ans, notamment en matière de renforcement de la démocratie. Or, « les réactions négatives de certains dirigeants politiques européens » donnent à la Turquie « l’impression qu’elle ne serait jamais la bienvenue, même si elle devait remplir tous les critères d’adhésion », écrit la commission Ahtisaari. Ce sentiment d’exclusion décourage la dynamique engagée de réformes, dont l’insuffisance alimente en retour l’opposition des Européens à l’adhésion turque, « bouclant ainsi la boucle d’un cercle vicieux ». Pour le briser, la Commission invite à un « changement d’attitude » des dirigeants européens, mais aussi turcs. Ces derniers doivent par exemple donner des gages sur des sujets comme Chypre. Les premiers, surtout, ne doivent pas claquer la porte au voisin turc. « Donner sa chance à la Turquie (…) est une question de crédibilité de l’UE, d’intérêt propre et d’équité due à tout pays candidat à l’adhésion », conclut le rapport, qui rappelle que la négociation ne garantit pas l’adhésion.
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