« La Turquie a une économie diversifiée » 1 octobre 2009
Posted by Acturca in Economy / Economie, Turkey-EU / Turquie-UE.Tags: adhésion, Luxembourg, Mehmet Simsek
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Le Quotidien (Luxembourg), 1 octobre 2009, p, 1
Entretien avec notre journaliste Delphine Dard
Le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek, était hier en visite de travail au Luxembourg. Dans un entretien avec Le Quotidien, il explique ce que la Turquie et l’UE peuvent s’apporter mutuellement.
Mehmet Simsek incarne à lui seul la Turquie moderne. Symbole de la réconciliation nationale, le ministre des Finances est d’origine kurde et a travaillé comme économiste chez Merril Lynch à Londres et chez UBS avant d’entrer en politique. Présent au Luxembourg notamment pour un forum économique, il vante le dynamisme et l’ouverture de la Turquie moderne tout en concédant que l’adhésion de son pays à l’Union européenne ne va pas de soi.
Ce forum économique est-il un moyen de renforcer les liens entre la Turquie et le Luxembourg ?
Mehmet Simsek : Oui, le but est de renforcer le dialogue entre les deux pays mais, surtout, de trouver des champs d’investissement concrets entre les deux pays.
Le but d’un tel forum est aussi de convaincre les investisseurs de venir en Turquie. Mais d’un point de vue politique, les investissements sont-il assez sûrs pour séduire ?
La Turquie est engagée dans un processus d’adhésion à l’Union européenne. À ce titre, nous avons déjà implémenté 60% de la réglementation européenne aussi bien au niveau institutionnel que financier, c’est un argument. Et puis, la Turquie d’aujourd’hui n’est plus la Turquie d’il y a trente ans : nous avons un système législatif qui protège les investissements et nous nous plions aux réglementations internationales. Lorsqu’une entreprise étrangère vient s’installer en Turquie, nous lui garantissons qu’elle sera aussi bien traitée qu’une entreprise turque.
Vous êtes également venu au Luxembourg pour signer une convention fiscale. La finance est-elle développée en Turquie ?
La Turquie est membre de l’OCDE, à ce titre nous possédions déjà une convention avec le Luxembourg, que nous avons amendée aujourd’hui. La finance est un élément clé pour toute économie comme la nôtre, qui se modernise.
Quelles sont les principales sources de revenus de l’économie turque ?
La Turquie possède une économie très diversifiée. L’automobile, le textile, l’acier, le tourisme et la construction de bateaux en sont les points forts. Dans chacun de ces domaines, la Turquie se classe dans le top 10 mondial. Nous avons donc des atouts d’autant plus que notre pays est déjà le deuxième fournisseur de textile de l’Europe.
Être proche du Luxembourg, est-ce un moyen d’être plus proche de l’Europe ?
Bien entendu. Le Luxembourg est une ville représentative de l’Europe avec ses institutions, c’est un modèle. Avec sa situation géographique centrale, le Luxembourg est notre passerelle vers l’Europe.
Y a-t-il un sentiment européen chez les Turcs ?
Il y a encore quelques années, 70% de la population souhaitait adhérer à l’UE, aujourd’hui nous sommes à 50%. Les Turcs ont entendu tellement de critiques à leur égard venant des pays européens qu’ils se sont sentis blessés. Si vous demandez aujourd’hui à un Turc s’il se sent européen, il vous répondra oui mais sera plus réticent en ce qui concerne l’adhésion à l’Union européenne. La Turquie a conscience de ne pas être le candidat type pour l’UE. La Turquie ne veut pas être un handicap pour l’Europe, mais plutôt un de ses atouts en lui apportant le moyen de sécuriser son énergie ou en lui faisant profiter de nos relations commerciales privilégiées avec la Russie ou l’Afrique.
Dans le processus d’adhésion, nous ne voulons pas bénéficier de faveurs, mais les Turcs ne veulent pas non plus adhérer comme un État membre de seconde zone. Nous souhaitons être acceptés et jugés à notre juste valeur.
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