L’Europe aux deux voisins 12 novembre 2009
Posted by Acturca in EU / UE, Turkey-EU / Turquie-UE.Tags: adhésion, Angleterre, David Cameron, EU / UE, frontières, Grande-Bretagne
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Les Echos (France), 12 novembre 2009, p. 16
Favilla
Le probable futur Premier ministre britannique, David Cameron, nous a régalés récemment d’une déclaration de politique à l’égard de l’Europe qui pourrait se résumer en une phrase : « Moins on a d’Europe, mieux on se porte. » Son souhait profond, qui correspond d’ailleurs à une sensibilité dominante de son opinion publique, est que le Royaume-Uni soit moins membre de l’Union, surtout depuis la mise en vigueur du traité de Lisbonne et de certaines de ses règles majoritaires. Il accepterait à la rigueur d’en être l’associé. Et en tout cas le voisin, puisque la géographie l’exige.
Tout se passe comme si les Britanniques rêvaient de rembobiner le cours d’une histoire d’Europe dans laquelle ils regrettent de s’être trop engagés, et de repartir d’une table rase pour négocier avec elle un partenariat, éventuellement privilégié. L’évocation d’une telle relation de voisinage fait penser par contraste au cas de la Turquie, l’autre grand voisin de l’Europe. A Londres, on appartient à coup sûr à ce que la culture européenne a de plus fondamental, mais on juge que les intérêts divergent. Ankara, au contraire, juge de son intérêt de devenir membre de l’Europe, alors que divers Européens estiment la culture turque incompatible avec celle de l’Union. Un voisin qui voudrait être membre, un membre qui ne voudrait qu’être voisin.
Le parallèle peut paraître osé, mais il révèle le sens de la construction européenne. La géographie dessine naturellement le cadre. Lorsqu’ils sont situés en son centre, les pays n’ont que le choix d’en être. A ses marges, le problème peut se poser. L’économie : dès lors que ce grand marché fonctionne, on a intérêt à y être associé d’une manière ou d’une autre, que ce soit au menu (but de la Turquie) ou à la carte (intention britannique). Reste la politique, en l’occurrence l’exercice de la souveraineté. Il faut une certaine « bonne volonté » pour en être. De ses deux voisins, l’Europe a peut-être plus à recevoir de la Turquie… Voila ce qui fait que l’entreprise européenne est toujours difficile.
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