La Turquie émerge dans un nouveau rôle 7 juin 2010
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, USA / Etats-Unis.Tags: Israël, Palestine, Turkey / Turquie
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L’Humanité (France), 7 juin 2010, p. 4
Hassane Zerrouky
Face à l’inertie des régimes arabes alliés à Washington, Ankara intensifie son bras de fer avec Tel-Aviv. La Turquie sort renforcée par le raid meurtrier israélien contre la flottille humanitaire de Gaza, au cours duquel neuf ressortissants turcs ont été tués, et entend user de son nouveau poids pour contraindre Israël à revoir sa politique envers les Palestiniens.
Face à l’inertie et au discrédit des régimes arabes auprès de leurs concitoyens, la Turquie, qui maintient sa pression sur Israël, l’accusant de «terrorisme d’État», qualifiant son gouvernement d’«hypocrite», «paranoïaque» et de «menteur», apparaît aux yeux des peuples arabes et du monde musulman comme l’unique puissance émergente sunnite en mesure de sortir la question palestinienne de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Diplomatiquement, elle a relégué l’Égypte et l’Arabie saoudite, alliés principaux de Washington dans la région, à un rôle secondaire. PourIsraël, qui ne s’attendait pas à voir sa relation stratégique avec le seul pays musulman allier de la région s’effriter dangereusement, il s’agit d’un tournant majeur.
La colère d’Erdogan à Davos envers Shimon Peres à propos de Gaza n’était pas un incident de parcours, mais l’annonce d’une dégradation des rapports entre les deux pays, qui ont fini par sérieusement se détériorer, comme en témoignent le rappel de l’ambassadeur turc en Israël, l’annulation des manœuvres militaires turco-israéliennes et les poursuites qu’envisage la justice turque contre les principaux dirigeants israéliens. Fini ainsi l’époque où Ankara donnait l’image d’un membre docile de l’Otan, où l’ambassadeur des États-Unis en Turquie n’hésitait pas à admonester en direct sur la télévision le pouvoir turc, ou celle d’un pays candidat quémandant son adhésion à l’UE. Le cours nouveau de la diplomatie d’un pays à cheval sur l’Europe, le Proche-Orient et l’Asie centrale, est consubstantiel de son poids économique régional et militaire. Il est le fait d’un pays disposant d’une économie dynamique portée par de nouvelles élites à la recherche de débouchés durables sur son flanc oriental (Asie centrale et Proche-Orient), soucieux de s’affranchir d’une relation pesante avec Washington, et qui désormais entend peser sur les rapports internationaux. Il en est ainsi de la signature avec le Brésil de l’accord avec l’Iran sur le nucléaire. C’est ce tournant qu’Israël, englué dans une vision politico-théologique des rapports internationaux, a encore du mal à saisir.
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