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Turquie: de multiples raisons pour expliquer un rapprochement vers l’Orient 15 juin 2010

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Agence France Presse, 15 juin 2010

Michel Sailhan

Ouverture à l’Iran et aux Arabes, crise avec Israël, frustration dans les rapports avec l’Union européenne… La nouvelle orientation de la Turquie, qui donne le sentiment qu’elle se détourne de ses alliés occidentaux, a de multiples raisons.

« Il y a plusieurs raisons, historique, idéologique et économique », note Seyfi Tashan, de l’Université de Bilkent (Ankara).

« Après la chute de l’Union soviétique, les pays voisins, du Caucase, de l’Asie centrale, des Balkans, se sont ouverts à la Turquie, qui a commencé à faire d’eux des partenaires commerciaux », même si le commerce avec l’Union européenne représente encore 60% des échanges, explique-t-il.

« Et ces dernières années, il y a eu un rapprochement avec les pays arabes, en partie pour des raisons idéologiques, et aussi pour profiter des opportunités d’une région » très riche, dit-il.

Il ajoute la « fatigue » ressentie par les Turcs face à la lenteur des negociations d’adhésion avec l’Union européenne, commencées en 2005.

« La Turquie n’a pas abandonné (l’espoir d’adhérer à l’UE), mais elle développe un nouveau rôle régional, pour elle-même », explique-t-il.

Membre de l’Otan, alliée d’Israël avec lequel elle avait signé un accord militaire en 1996, la Turquie a maintenant « décidé qu’il est plus important pour elle de se mettre du côté des Arabes », affirme pour sa part par téléphone d’Israël Alon Liel, président du Conseil des affaires Israël-Turquie.

Les relations bilatérales, qui s’étaient déjà nettement dégradées depuis plus d’un an, ont atteint leur plus bas niveau après le 31 mai, lorsque des commandos israéliens ont attaqué une flottille d’aide humanitaire à Gaza, tuant neuf Turcs.

Le président turc Abdullah Gül, qui a affirmé qu’elles ne seraient « plus jamais les mêmes », a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv.

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, dont le parti issu de la mouvance islamiste est au pouvoir depuis 2002, a dénoncé dans ce raid un « massacre sanglant », et a pris la défense du Hamas, le mouvement islamiste radical palestinien.

« C’est la Turquie, pas Israël, qui a décidé cette détérioration », et « pour des raisons idéologiques et religieuses », assure M. Liel.

« Economiquement, les échanges commerciaux sont certes importants, mais dans une certaine mesure, ils sont négligeables pour la Turquie », ajoute-t-il.

Pour expliquer l’évolution diplomatique turque, l’éditorialiste Cem Oguz avance, lui, des changements dans les « besoins vitaux de sécurité ».

Dans les années 1990, Israël et la Turquie avaient l’objectif commun de « contenir la Syrie et l’Iran », notamment parce que, côté turc, ces pays soutenaient les rebelles kurdes de Turquie.

Or tant Damas que Téhéran aident aujourd’hui Ankara à lutter contre ces rebelles, relève-t-il dans le journal Hürriyet Daily News.

Autrefois en état de quasi-belligérance avec des pays tels que la Syrie ou la Grèce, le régime turc développe une politique du « zéro problème » avec ses voisins, notamment arabes. L’alliance stratégique avec Israël a ainsi perdu de sa pertinence, note un diplomate européen à Ankara.

Et en poursuivant une diplomatie de paix aux frontières, M. Erdogan prive du même coup l’armée turque, avec laquelle il est en conflit larvé, de la position centrale qu’elle occupait ces dernières années, jusque dans la vie politique.

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