Dominique Baudis : La Turquie pourrait jouer un rôle essentiel

Europolitique

11 mars 2011

Dominique Baudis, eurodéputé français du PPE, vice-président de la commission Affaires étrangères (AFET) du Parlement européen, président depuis 2007 de l’Institut du monde arabe à Paris, est partisan de relancer l’Union pour la Méditerranée (UpM). Dans cette interview accordée à Europolitique durant la session plénière du Parlement à Strasbourg, il va même plus loin.

Pourquoi relancer l’UpM ?

L’Union pour la Méditerranée est une nécessité plus que jamais. Tout ce qui se passe sur la rive Sud de la Méditerranée exige de resserrer les liens, se parler, se rencontrer, aider l’Egypte et la Tunisie à construire leur démocratie, les aider économiquement aussi parce que ces pays vont passer une phase difficile, parler ensemble de la question des flux migratoires. Et je pense que, dans cette période d’instabilité politique dans le monde arabe, il y a un acteur qui pourrait jouer un rôle essentiel pour représenter la rive Sud et la rive orientale et pour être le partenaire des Européens, c’est la Turquie. Là, je ne parle pas de la Turquie comme membre de l’Union européenne : il en est question depuis des années et cela soulève beaucoup d’oppositions en Europe. Mais je parle de la Turquie comme leader des pays non européens de la rive orientale et de la rive Sud de la Méditerranée.

Pourquoi la Turquie ?

Parce que c’est l’Etat le plus peuplé, c’est un Etat majoritairement peuplé de Musulmans comme les pays de la rive orientale et de la rive Sud, c’est un pays qui a des relations diplomatiques avec Israël, c’est un pays qui est membre de l’Otan, c’est un pays qui a réussi économiquement, sans disposer pour autant de pétrole, et c’est un pays où les islamistes ont réussi, avec Erdogan et son parti, l’AKP, à s’organiser comme un mouvement démocratique. Ce n’est pas l’islamisme modèle talibans. L’islamisme modèle turc est un parti démocratique. Comme les démocrates chrétiens en Europe, ce sont des démocrates islamistes au Proche-Orient.

Ceci est votre position personnelle ?

Oui, c’est une réflexion personnelle. Mais, vous savez, dans une situation aussi mouvante que celle-là, on ne peut pas s’interdire de réfléchir. On a même l’obligation de réfléchir.

Pensez-vous avoir des soutiens pour votre position ?

Je ne sais pas.