La Libye provoque une nouvelle poussée de fièvre entre Paris et Ankara 25 mars 2011
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Agence France Presse, Vendredi, 25 mars 2011
Par Michel Sailhan, Ankara
L’intervention militaire de la coalition en Libye provoque une nouvelle poussée de fièvre dans les relations entre Paris et Ankara, déjà tendues de manière chronique par l’opposition résolue de la France à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Pierre Lellouche a eu la confirmation de ce mauvais climat, lors d’une visite jeudi dans la capitale turque. Interrogé par l’AFP sur l’état des relations bilatérales, M. Lellouche a répondu: « On est en campagne électorale en Turquie, et cela n’aide pas ».
Le responsable français faisait allusion à la campagne pour les législatives du 12 juin en Turquie, lors de laquelle les observateurs s’attendent à une multiplication, par le parti islamo-conservateur au pouvoir, de déclarations nationalistes, voire anti-occidentales, afin de siphonner les voix de droite.
Dans un discours à Istanbul jeudi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’en est pris aux « amis occidentaux » partis en « croisade » en Libye. « Je souhaite qu’ils fassent immédiatement leur examen de conscience pour avoir exprimé des notions ahurissantes qui attisent la théorie d’un conflit de civilisations », a déclaré M. Erdogan. « Certains, malgré tous nos avertissements, brouillent les esprits au sujet de l’opération en Libye et emploient des expressions très déplacées telle que croisade, ce qui provoque des interrogations » sur leurs intentions, a-t-il dit.
Le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant avait en début de semaine rendu hommage au président Nicolas Sarkozy, « qui a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies, et puis la Ligue arabe et l’Union africaine ».
Seul pays musulman membre de l’Otan, la Turquie a finalement accepté d’envoyer sous l’égide de l’Alliance des navires de guerre au large de la Libye, pour faire respecter l’embargo sur les armes imposé aux forces de Mouammar Kadhafi. Mais elle s’oppose aux frappes au sol initiées par la France, suivant une politique de non agression des populations musulmanes qu’elle observe déjà en Afghanistan, où elle se limite à un rôle de surveillance.
Le gouvernement turc n’a pas apprécié de ne pas avoir été invité par M. Sarkozy à la réunion sur la Libye de plusieurs dirigeants occidentaux, le 19 mars à Paris. « On ne comprend pas pourquoi la France s’est ainsi tellement mise en avant dans ces opérations », agissant « comme si elle était la principale exécutrice de la résolution » de l’ONU sur la Libye, a lancé lundi le ministre turc de la Défense, Vecdi Gönül.
Jeudi à Ankara, M. Lellouche a émis le souhait que la France ne soit pas la bête noire de la Turquie.
« Je ne voudrais pas que la France subisse un ostracisme particulier (…) Il faut arrêter de faire porter à un seul pays les conséquences d’une situation très compliquée », a-t-il dit à propos du différend bilatéral sur l’Europe. Paris estime que la Turquie ne fait pas géographiquement de l’Europe. Ankara présente sa candidature comme une chance pour les Européens, le lancement d’un pont entre Europe et Asie, vecteur de paix.
Les négociations pour une adhésion turque sont dans l’impasse: seuls 13 des 35 chapitres qui jalonnent ces négociations ont été ouverts et un seul a pu être bouclé. La visite du président français à Ankara le 25 février, avait déjà été l’occasion pour les deux dirigeants de croiser le fer, sur l’Europe.
M. Erdogan avait reproché à M. Sarkozy une vision « totalement erronée ». Et dans un entretien à l’AFP, il avait estimé que cette visite, limitée à quelques heures, n’était pas « à la hauteur » de l’amitié franco-turque.
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