Quand la Turquie aide les insurgés libyens 29 mars 2011
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Le Temps (Suisse), mardi, 29 mars 2011
Delphine Nerbollier Istanbul
Ankara propose ses services de médiateur entre le colonel Kadhafi et le Conseil national de transition
Le conflit libyen ébranle la diplomatie turque. Coincé entre ses alliés de l’OTAN et ses prises de position anti-interventionnistes, Ankara a fait montre d’une réelle confusion sur ce dossier. Dans un premier temps, les autorités turques ont rejeté d’un revers de main l’idée d’une intervention militaire tout comme l’implication de l’OTAN dont la Turquie est l’un des membres phares. Début mars, le premier ministre estimait que l’OTAN n’avait «rien à faire» dans cette histoire et que «jamais la Turquie ne pointerait une arme contre le peuple libyen».
Or jeudi dernier, après moultes hésitations, le parlement turc a autorisé l’envoi pour un an de cinq navires de guerre et d’un sous-marin chargés de faire appliquer l’embargo sur les armes voté par les Nations unies. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a aussi annoncé hier que la Turquie sera chargée du contrôle de l’aéroport de Benghazi afin de faciliter la distribution de l’aide humanitaire sans qu’aucun autre détail soit donné.
Désireux de reprendre la main dans une zone où son influence était jusque-là grandissante, Recep Tayyip Erdogan se dit aujourd’hui prêt à jouer les médiateurs dans cette crise. Selon un diplomate turc, «Ankara est en effet l’un des seuls pays à parler aux différentes parties». Le premier ministre s’est entretenu à plusieurs reprises avec Mouammar Kadhafi – qui l’avait accueilli avec les honneurs à l’automne dernier – tandis que des contacts directs ont été liés avec l’opposition via le Conseil national de transition. La semaine dernière, Ankara avait par ailleurs participé à la libération de quatre journalistes américains.
Dans le même temps, ce dossier libyen a donné lieu à une nouvelle crise avec la France. Offensés de ne pas avoir été invités à la conférence de Paris, le 19 mars, les Turcs ont accusé Nicolas Sarkozy d’avoir «détourné» l’opération à son propre compte. Quant aux propos du ministre Claude Guéant, sur la «croisade» menée en Libye, ils ont donné du grain à moudre à Ankara qui se pose comme modèle pour les peuples musulmans en quête de dynamique démocratique.
A moins de trois mois des élections législatives, cette confusion a été critiquée par de nombreux observateurs dans le pays mais au final la participation de la marine turque et le rôle que jouera Ankara dans le contrôle de l’aéroport de Benghazi ne créent pas de large polémique. «Nos hommes vont en Libye pour assurer la paix, pas pour faire la guerre», commentait hier Mesut Casin de l’Université Yeditepe d’Istanbul.
Après avoir fustigé les travers «colonialistes» de cette intervention militaire, la Turquie tente donc de prévenir toute critique du même type sur son compte dans une région marquée par cinq siècles de domination ottomane. «Il est vital que ce déploiement ne se fasse pas pour le pétrole libyen», a déclaré Recep Tayyip Erdogan au quotidien britannique The Guardian, tout en se disant inquiet de voir émerger un «second Irak». Cet appel semble toutefois peu crédible de la part d’un pays qui a multiplié les accords économiques et politiques avec le colonel Kadhafi et qui comptait 25?000 ressortissants avant la crise, la plupart actifs dans le secteur du bâtiment.Istanbul
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