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Ankara n’est pas un leader régional 7 avril 2011

Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie.
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Courrier international, no. 1066, jeudi, 7 avril 2011, p. 19               Türkçe

Milliyet, Semih Idiz, Istanbul

La politique ambitieuse que voulait mener le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu vis-à-vis du Moyen-Orient et de l’Afrique semble désormais caduque. Bien que le gouvernement prétende être « favorable à des changements au niveau régional », il n’est pas certain que cela concerne l’actuel processus qui secoue le monde arabe. En effet, la politique de la Turquie reposait sur un type de coopération fondé sur le maintien du statu quo ou, au mieux, sur l’idée que ceux qui détiennent le pouvoir vont petit à petit évoluer et amorcer le changement.

Si la Turquie continue dans la même voie, elle risque d’être mise en difficulté. Le cas de la Libye est emblématique. Le gouvernement AKP [islamiste modéré] tente de faire croire qu’il est depuis le début en contact avec les opposants. Même si cela est vrai, il aurait peut-être fallu que cela soitperceptible. Or, tant au sein de la communauté internationale que parmi les opposants libyens, on a l’impresson que « la Turquie roule pour Kadhafi ».

Les images que nous recevons de Benghazi confirment cet état de fait. On n’en parle pas trop en Turquie, mais, pendant plusieurs jours, des dizaines de milliers d’habitants ont manifesté. Nous avons suivi ces événements par le biais de la chaîne Al-Jazira, c’est-à-dire à travers un prisme arabe. Nous avons pu voir grâce à ces images des manifestants brandissant des pancartes remerciant Sarkozy, ainsi que des drapeaux de nations occidentales, en particulier des drapeaux français. Aucun drapeau turc n’était visible. Si l’on en croit les interviews recueillies sur place par l’excellent correspondant de la chaîne turque NTV, les opposants à Kadhafi manifestent une certaine méfiance à l’égard de la Turquie et de son gouvernement AKP. En d’autres termes, si les opposants venaient à l’emporter en Libye, les relations entre Ankara et Tripoli ne se traduiraient pas par un élan de sympathie. D’ailleurs, on peut douter que le Premier ministre Erdogan, qui a renchéri dans un discours anti-occidental exigeant qu' »aucun soldat étranger n’entre en Libye », ait pensé qu’avec l’intervention occidentale les opposants libyens puissent être capables de tenir militairement tête à Kadhafi. Or, grâce à l’opération aérienne initiée par la France et désormais sous commandement de l’Otan, la probabilité d’une victoire des insurgés libyens augmente.

Les événements à Bahreïn, la tension confessionnelle qui pourrait mener à un affrontement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, enfin les tentatives de soulèvement en Syrie, tout cela devra, de façon évidente, pousser le gouvernement AKP à réviser sa politique régionale. Dans ce contexte, les « mécanismes de solidarité » que la Turquie veut mettre sur pied, ainsi que les projets de « marché commun » et de « suppression des visas » [entre les différents pays de la région] sont pour le moment mis entre parenthèses.

En attendant, la volonté de canaliser les dynamiques régionales dépasse clairement les capacités de la Turquie. La formation du système régional rêvé par Ahmet Davutoglu prendra beaucoup de temps. Dans ces conditions, la Turquie devra revenir vers ses alliés occidentaux. Plutôt que de prononcer des discours démagogiques, il faudra alors expliquer à l’opinion qu’en Europe finalement tout le monde n’est pas opposé à la Turquie.

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