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Erdogan entre dans l’histoire 14 juin 2011

Posted by Acturca in Turkey / Turquie.
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Le Temps (Suisse) 14 juin 2011

Delphine Nerbollier, Istanbul

Le parti islamique du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a remporté les législatives dimanche dernier. Il devra négocier avec l’opposition, renforcée elle aussi

Recep Tayyip Erdogan est, depuis dimanche, le «maître des urnes». La presse turque était quasiment unanime hier pour en dresser le constat. Le parti du premier ministre turc a en effet réalisé un exploit en obtenant 49,9% des suffrages lors des élections législatives. Le Parti de la justice et du développement (AKP) engrange sa troisième victoire d’affilée lors de législatives et renforce même son score.

Pas d’usure du pouvoir, donc, pour cette formation issue de la mouvance islamique qui avait obtenu 34% des suffrages en 2002 et 46% en 2007. «Nous vivons l’excitation d’avoir obtenu une voix sur deux», a avoué Recep Tayyip Erdogan dimanche soir, lors d’un discours enflammé devant une foule en délire scandant «Nous sommes fiers de toi». «Nous serons le gouvernement des 74 millions d’habitants de ce pays», a ajouté le premier ministre.

Les supporters de l’AKP, à l’image d’Ibrahim Karagul dans les pages du journal Yeni Safak, se félicitaient hier du message donné par le peuple: «Les électeurs souhaitent que la course entamée par la Turquie en matière de politique intérieure et extérieure se poursuive et prenne de la vitesse.»

Avec 326 députés, le parti au pouvoir rate pourtant le coche sur un dossier de taille. Depuis des mois, Recep Tayyip Erdogan promet une nouvelle Constitution pour remplacer l’habituel texte hérité du coup d’Etat de 1980. S’il avait réussi à obtenir plus de 330 députés dimanche, ce travail lui aurait été facilité. Désormais, il va devoir s’assurer le soutien de l’opposition pour mener à bien ce projet. Dimanche soir, devant la foule de supporters, il a promis d’aller «frapper à la porte» des autres partis pour préparer une «Constitution dans laquelle tout le monde se retrouvera».

L’opposition, justement, sort elle aussi renforcée de ce scrutin. Le Parti républicain du peuple (CHP) progresse de cinq points au niveau national et compte 23 députés de plus au parlement. «Je félicite le parti AKP mais il ne doit pas oublier que nous sommes là, plus jeunes, plus forts, plus nombreux», a lancé dimanche soir le nouveau leader du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

L’autre grand gagnant de ce scrutin est sans conteste le parti pro-kurde du BDP (Parti pour la paix et la démocratie), qui passe de 20 à 36 députés et voit entrer au parlement des personnalités telles que Leyla Zana, figure charismatique du parti qui a passé dix années en prison. C’est dans le sud-est de la Turquie, à majorité kurde, que le parti du premier ministre Erdogan connaît ses plus sévères revers, une partie des électeurs kurdes ayant été déçue par la timidité de la politique d’ouverture mise en place par le gouvernement à leur encontre. Quant au parti nationaliste, il se maintient au parlement avec 13% des suffrages, mais perd 18 députés.

«L’élection de 36 députés indépendants soutenus par le BDP nous montre à tous qu’il faut résoudre de manière prioritaire la question kurde par la voix politique, via le parlement» analyse Eyüp Can dans les pages du journal Radikal. Pour ce commentateur, cela passera par une nouvelle Constitution sur laquelle «un consensus est indispensable». Pour y parvenir, Recep Tayyip Erdogan devra avant tout adoucir le ton très dur qu’il a employé durant la campagne électorale en direction de ses adversaires politiques.

Dimanche soir, devant la foule de ses supporters, le premier ministre a également donné une touche régionale à sa victoire, estimant qu’elle était aussi une réussite pour Damas, Gaza ou encore Bagdad. «Aujourd’hui, une fois de plus, la Turquie, la démocratie et la nation ont gagné. Je le dis avec une très grande fierté: la Turquie est devenue un modèle de démocratie dans la région.»

L’annonce de la feuille de route du futur gouvernement turc et la priorité donnée à la préparation d’une nouvelle Constitution ont été saluées par les autorités européennes. Stefan Fule, le commissaire européen chargé de l’Elargissement, a apporté son soutien à ce projet à condition que le texte soit préparé dans la recherche d’un consensus. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ainsi que le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ont quant à eux salué les résultats de cette élection qui «ouvrent la voie à la poursuite de la modernisation du pays selon les standards et les valeurs européens».

Avant même la tenue du scrutin, le premier ministre avait quant à lui tenté de faire revivre le thème européen, totalement absent de la campagne électorale, en annonçant la création d’un Ministère de l’Union européenne en lieu et place de l’actuel secrétariat d’Etat.

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