La Turquie reconnaît à son tour le Conseil national de transition et rompt avec Tripoli 5 juillet 2011
Posted by Acturca in Turkey / Turquie.Tags: Ahmet Davutoglu, Benghazi, Conseil national de transition, diplomatie, Mouammar Kadhafi, Turkey / Turquie
trackback
Le Monde (France) mardi 5 juillet 2011, p. 6
Service International
Le régime libyen de Mouammar Kadhafi a subi un nouveau revers diplomatique, dimanche 3 juillet. La Turquie, seul pays musulman de l’OTAN, a annoncé par la voix du chef de sa diplomatie, Ahmet Davutoglu, qu’elle reconnaissait dorénavant le Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion, comme étant » le représentant légitime du peuple libyen « . Le ministre des affaires étrangères a fait cette déclaration lors d’une visite à Benghazi, le fief du CNT dans l’est de la Libye.
La Turquie espère se positionner comme un acteur clé d’un possible règlement politique de la crise. Interrogé sur un possible refuge négocié du colonel Kadhafi en Turquie, M. Davutoglu a répondu : » Si la conclusion d’un accord est en vue, nous ferons tout, tout ce qui est possible. »
L’évolution de la position d’Ankara sur le dossier libyen est claire. Dans un premier temps, la Turquie a critiqué les frappes aériennes occidentales, en raison de sa crainte d’un scénario à l’irakienne, soit d’un enlisement et d’un pourrissement qui déstabiliseraient toute la région. Le 22 mars, le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, affirmait que son pays » ne pointera jamais le fusil sur le peuple libyen. Le changement doit intervenir par des dynamiques internes, pas par des interventions étrangères « . La Turquie s’est ainsi opposée à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne, alors que des appareils français, américains et britanniques se livraient à des bombardements. Ankara réclamait la fin préalable des raids, refusant de » partager la responsabilité d’une opération que certains décrivent comme une croisade « , expliquait alors Ahmet Davutoglu.
La Turquie a néanmoins fourni six navires de guerre pour les opérations visant à faire respecter l’embargo sur les armes dans les eaux libyennes. En juin, M. Erdogan a offert sa » garantie » pour que le colonel Kadhafi » soit envoyé là où il le souhaite » après avoir quitté le pouvoir.
Mais l’intransigeance de Tripoli a conduit Ankara à adopter une ligne plus sévère, jusqu’à cette reconnaissance du CNT. Samedi 2 juillet, le Journal officiel turc avait annoncé le retrait définitif de l’ambassadeur à Tripoli, qui avait quitté la capitale en mars en raison des combats. Le même jour était publié un décret gouvernemental adaptant dans le droit turc les sanctions décidées en février par l’ONU contre Mouammar Kadhafi, sa famille et des proches de son régime.
Elles visent notamment la Libyan Foreign Bank, qui possède 62,37 % des parts de la banque turco-libyenne A & T Bank. A & T Bank pourrait, selon le quotidien Radikal, être saisie et placée sous le contrôle du Fonds d’assurances des dépôts d’épargne.
Outre la rupture des relations diplomatiques avec Tripoli, la Turquie confirme son soutien financier aux rebelles. Après la création d’un Fonds de 100 millions de dollars en juin, le ministre des affaires étrangères a annoncé le déblocage d’une aide supplémentaire de 200 millions de dollars. » La demande du peuple pour des réformes devrait être entendue, Kadhafi devrait partir et la Libye ne devrait pas être divisée « , a dit M. Davutoglu.
Commentaires»
No comments yet — be the first.