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Les gisements de gaz au large de Chypre aiguisent les appétits de Nicosie et d’Ankara 21 septembre 2011

Posted by Acturca in Economy / Economie, Energy / Energie, Middle East / Moyen Orient, South East Europe / Europe du Sud-Est, Turkey / Turquie, Turkey-EU / Turquie-UE.
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Le Monde (France) mercredi 21 septembre 2011, p. 4

Guillaume Perrier, Istanbul Correspondance

Le début des travaux d’exploration, une « provocation » selon la Turquie, fait craindre une escalade militaire et diplomatique entre les deux pays

L’île de Chypre sera-t-elle le théâtre d’une prochaine guerre du gaz ? La découverte de vastes réserves d’hydrocarbures dans les eaux de la Méditerranée orientale aiguise les appétits. Les tensions sont montées d’un cran lundi 19 septembre, après l’annonce du début de travaux d’exploration au large des côtes de Chypre. La compagnie américaine Noble Energy a procédé à ses premiers forages dans la nuit de dimanche à lundi, sur la plateforme Aphrodite, a annoncé mardi le directeur des affaires énergétiques chypriotes, Solon Kassinis.

Ce passage à l’acte, qualifié de « provocation » par le ministre turc de l’énergie, Taner Yildiz, fait planer le risque d’une dangereuse escalade diplomatique et militaire dans cette région et compromet sérieusement les difficiles négociations menées à Chypre en vue d’une réunification de l’île, après un demi-siècle de conflit. « Nous voulons que les Chypriotes grecs stoppent immédiatement ces travaux », a précisé M. Yildiz.

En réaction, la Turquie va mettre sa menace à exécution et conduire ses propres recherches, au large des côtes nord-ouest de l’île et de la partie qu’elle occupe militairement depuis l’invasion de 1974. « Nous allons nous aussi franchir ce pas avec la République turque de Chypre-Nord [RTCN]. Peut-être dès cette semaine, il est possible que nous commencions les travaux exploratoires dans cette zone économique exclusive », a confirmé, lundi, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

Ankara a mobilisé la compagnie pétrolière turque TPAO pour conduire ces recherches dans les eaux chypriotes. Un navire norvégien a également été envoyé en reconnaissance autour de l’île grecque de Kastellorizo. « Des plateformes pétrolières pourraient suivre, même si nous ne souhaitons pas en arriver là », a précisé M. Yildiz. Les navires de prospection pourraient être escortés par la marine turque, selon M. Erdogan. Ankara avait annoncé, début septembre, son intention de renforcer sa présence militaire en Méditerranée et notamment dans les zones contestées autour de l’île de Chypre.

Le chef du gouvernement turc a réitéré son opposition déterminée aux frontières maritimes telles qu’elles ont été tracées par Chypre. Nicosie a signé en décembre 2010 un accord frontalier avec Israël, les deux pays délimitant leurs zones économiques exclusives pour l’exploitation des gisements d’hydrocarbures. Mais la Turquie estime que ces accords violent les droits des Chypriotes turcs.

« Nous avons des approches différentes sur les zones économiques exclusives… Nous surveillerons cette région avec des avions, des frégates et des vedettes lance-torpilles », a prévenu M. Erdogan. Dimanche, les avions de chasse F 16 turcs ont déjà survolé la zone où se situe la plateforme Aphrodite.

Le gouvernement chypriote se montre déterminé à poursuivre ses travaux d’exploration sur le « Bloc 12 », duquel pourraient être extraits 283 milliards de mètres cubes de gaz naturel, selon les simulations réalisées par les géologues. « Je ne pense pas que la Turquie envoie des navires de guerre dans la zone d’exploration pour commettre un acte qui serait contraire à la charte des Nations unies et qui compromettrait son objectif d’accession à l’Union européenne [UE] », a soutenu la ministre chypriote des affaires étrangères, Erato Kozakou-Marcoullis, dans une interview au quotidien turc Milliyet, samedi dernier.

Pourparlers avec l’UE

Le président de la République, Dimitris Christofias, rendu impopulaire par la crise économique que traverse Chypre, se montre sourd aux menaces d’Ankara. « Nous continuerons à exercer nos droits souverains, y compris l’exploitation de nos ressources naturelles, toujours dans le cadre de la loi internationale », a-t-il déclaré dimanche. Pour lui, la manne pétrolière et gazière bénéficiera à tous les Chypriotes sitôt qu’un accord sera trouvé sur une réunification de l’île. De nouveaux appels d’offres vont être lancés pour une dizaine d’autres champs d’hydrocarbures.

Mais cette escalade vient sérieusement compromettre les chances d’un accord politique à Chypre, alors que les deux leaders locaux doivent se retrouver en octobre à New York pour un sommet de la dernière chance avec Ban Ki-Moon. Elle pourrait également ternir les pourparlers d’Ankara avec l’UE, qui, au second semestre 2012, sera présidée par Chypre. « En cas d’échec des négociations à Chypre, nous pourrions alors geler nos relations avec l’UE », a laissé entendre le vice-premier ministre Besir Atalay.

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