Obama s’inquiète de la crise entre la Turquie et Israël 21 septembre 2011
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, Turkey / Turquie, USA / Etats-Unis.Tags: Barack Obama, Israël, Recep Tayyip Erdogan, Turkey / Turquie
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Le Figaro (France) no. 20881, mercredi 21 septembre 2011, p. 6
Laure Mandeville, Envoyée spéciale à New York
En plein suspense sur le dossier israélo-palestinien à l’ONU, Barack Obama devait avoir, hier après-midi à New York, une rencontre bilatérale particulièrement importante avec le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, cet allié clé du flanc sud de l’Otan de plus en plus rétif, mais qui reste pour l’Amérique un partenaire stratégique vital.
Barack Obama s’apprêtait notamment à exprimer clairement sa profonde inquiétude de voir la relation israélo-turque se dégrader à grande vitesse, au moment où le printemps arabe redessine en profondeur la carte du Moyen-Orient, contribuant à l’isolement d’Israël, et notamment à de fortes tensions avec l’Égypte sur le Sinaï. Lundi, Hillary Clinton avait déjà passé près d’une heure avec son homologue Ahmet Davutoglu, l’exhortant, entre autres sujets d’une « longue liste », à tout faire pour « laisser ouverte la porte » d’une réconciliation entre Turcs et Israéliens, a raconté à la presse un haut responsable américain. « Nous voulons qu’ils réparent leurs relations », a ajouté cette source. « Nous avons expliqué que, vu les circonstances, nous n’avons pas besoin de plus de tension et de volatilité dans la région », a expliqué un autre responsable, en allusion aux tensions des Israéliens avec les Égyptiens, les Jordaniens et les Palestiniens.
Apaiser les esprits
Barack Obama avait placé de grands espoirs dans sa relation avec la Turquie, en faisant l’une des escales phares de son premier voyage en Europe en 2009, et vantant le rôle de « pont » entre l’Orient et l’Occident de ce pays à la fois musulman et laïc. Mais cette vision idéalisée s’est rapidement fissurée au fur et à mesure que la politique étrangère turque se durcissait dans le but d’affirmer son identité musulmane. Choquée par l’opération militaire lancée par Israël contre la bande de Gaza pour y faire cesser les attaques du Hamas, la Turquie n’a rien fait pour empêcher une flottille de militants d’appareiller en décembre 2010, pour tenter de forcer le blocus maritime imposé par Israël à la bande de Gaza. Après la mort de neuf Turcs, lors d’un raid lancé par les Israéliens dans les eaux internationales pour stopper l’opération, Ankara a durci le ton début septembre, renvoyant l’ambassadeur d’Israël et suspendant tous les accords militaires entre les deux pays. Malgré l’intervention pressante de Hillary Clinton, Israël a refusé de présenter les excuses exigées par Ankara. Le premier ministre Erdogan a du coup évoqué la possibilité de faire escorter par la marine turque de nouvelles flottilles vers Gaza… Un sujet sensible que devait évoquer le président Obama, selon certaines sources américaines, pour tenter d’apaiser les esprits.
La rhétorique très dure qu’utilise le premier ministre Erdogan à l’encontre de « l’enfant gâté israélien » n’empêche pas les États-Unis de continuer le dialogue bilatéral, bien au contraire. Les deux pays se sont beaucoup consultés sur la question de la répression syrienne qui a entraîné un afflux de réfugiés en Turquie et devaient faire le point sur le sujet, ainsi que sur une possible contribution turque à l’après-Kadhafi en Libye. Ankara a de plus accepté d’abriter un nouveau radar, dans le cadre de la nouvelle défense antimissile de l’Otan, un geste qui montre que les relations ne sont pas si mauvaises. « La relation américano-turque est devenue très délicate, mais elle reste fondamentale », résumait hier un diplomate français.
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