L’Allemagne découvre « une nouvelle forme de terreur d’extrême droite » 15 novembre 2011
Posted by Acturca in Immigration, Turkey / Turquie.Tags: Allemagne, crime raciste, extrême droite, néonazi, Turkey / Turquie
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Le Monde (France) mardi 15 novembre 2011, p. 7
Frédéric Lemaître
Y a-t-il eu ces dernières années en Allemagne une Fraction armée brune (BAF) néo-nazie comme il y a eu une Fraction armée rouge (RAF) dans les années 1970-1990 ? Qui plus est, la police l’aurait-elle laissée prospérer ? Telles sont les deux questions dérangeantes qui se posaient, dimanche 13 novembre, après une série de révélations sur une affaire qui, au départ, semblait n’être qu’un fait divers.
Le 4 novembre, à Eisenach (Thuringe), deux hommes, Uwe Mundlos (38 ans) et Uwe Böhnhardt (34 ans), se suicident dans un camping-car. Ils ont peut-être compris qu’ils avaient été localisés par une patrouille de police après avoir tenté de braquer une banque à un kilomètre de là. Dans le camping-car, la police trouve, outre les corps, des armes à feu et de l’argent provenant d’autres braquages. Très vite, il apparaît qu’une des armes est le pistolet de service d’une policière assassinée en 2007 à Heilbronn (Bade-Würtemberg), un meurtre jamais élucidé.
Quelques heures plus tard, à 180 km de là, à Zwickau (Saxe), une maison est ravagée par une forte explosion. Dans les décombres, la police retrouve un pistolet de fabrication tchèque, un Ceska 83, une arme qui, de 2000 à 2006, a tué huit restaurateurs turcs et un grec, autant de crimes commis dans diverses régions du pays et jamais clarifiés. Les enquêteurs retrouvent également des DVD. Il faudra plusieurs jours pour comprendre qu’un des étages de la maison était loué par Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt qui y vivaient depuis 2008 avec Beate Zschäpe (36 ans). Celle-ci, qui s’est entre-temps rendue à la police mais reste muette, aurait, sur ordre des deux hommes juste avant leur suicide, cherché à détruire des preuves. Mais outre le Ceska 83, les DVD révèlent que les deux hommes faisaient partie d’un groupuscule inconnu baptisé « Clandestinité national-socialiste » ( « Nationalsozialistischer Untergrund » ), qui serait un « réseau de camarades ayant comme principe : l’action plutôt que les mots ». Dans ce DVD, ils revendiquent aussi l’explosion d’une bombe artisanale le 9 juin 2004 dans un quartier de Cologne où vivent de nombreux immigrés qui blessa 22 personnes. La police n’avait encore jamais établi de lien entre l’assassinat de la policière, l’attentat de Cologne et le meurtre de commerçants turcs. Dimanche 13 novembre, un complice de 37 ans, Holger G., a été arrêté à Hanovre. Il aurait laissé le trio utiliser ses papiers d’identité. Les enquêteurs cherchent à savoir si ce groupuscule a commis d’autres attentats et s’il disposait d’autres complices.
Connus de la police
Le ministre de l’intérieur, Hans-Peter Friedrich, a reconnu une « nouvelle forme de terreur d’extrême droite ». Le chef du groupe parlementaire social-démocrate, Thomas Oppermann, veut demander une réunion extraordinaire de la commission de contrôle des services secrets du Bundestag pour « savoir ce que les autorités savaient et comment de tels actes peuvent être empêchés à l’avenir ».
Que le trio ait pu agir pendant dix ans est d’autant plus troublant que, dans les années 1990, il était apparemment connu de la police pour avoir fait partie d’un autre groupuscule néo-nazi, « Thüringer Heimatschütz ». Des bombes artisanales auraient, selon la presse, été trouvées en 1998 dans un garage loué à Iena par Beate Zschäpe mais la police aurait ensuite perdu la trace du trio. A moins, comme certains l’envisagent, qu’elle l’ait utilisé pour infiltrer les milieux néo-nazis.
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