Syrie : les Occidentaux s’appuient sur les leviers de la Ligue arabe et de la Turquie 18 novembre 2011
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Le Monde (France)vendredi 18 novembre 2011, p. 6
Natalie Nougayrède
La France a rappelé son ambassadeur à Damas, tandis que les pressions régionales s’intensifient. Le geste est symbolique mais il s’inscrit dans ce que l’on perçoit, à Paris, comme une « accélération » de la diplomatie sur le dossier syrien. Après huit mois de répression qui ont fait plus de 3 500 morts, le danger d’un scénario d’affrontements armés s’est récemment accru en Syrie. La France a rappelé, mercredi 16 novembre, son ambassadeur en poste à Damas, Eric Chevallier, pour « consultations ». Cette décision intervient alors que la Ligue arabe et la Turquie, acteurs jugés essentiels pour accroître la pression sur le régime de Bachar Al-Assad, ont commencé à se mobiliser de façon inédite.
La Ligue arabe, réunie en sommet extraordinaire à Rabat (Maroc), a suspendu, mercredi, la participation de la Syrie à l’organisation, comme elle avait menacé de le faire le 12 novembre, dans une décision jugée historique. La Ligue a par ailleurs donné « trois jours » à la Syrie pour faire cesser les tueries, faute de quoi des « sanctions » seraient envisagées, a annoncé le Qatar, très actif sur le dossier. Les pays arabes protestent ainsi contre le peu de cas que le pouvoir syrien avait fait de leur tentative de médiation pour parvenir à un arrêt des massacres et à un dialogue entre le régime et l’opposition.
La Turquie a, pour sa part, annoncé la mise en place de sanctions contre la Syrie, interrompant des investissements dans le secteur pétrolier et menaçant de couper des fournitures d’électricité. Attendue depuis des semaines, cette décision est saluée par des diplomates comme un tournant majeur. Elle vient consolider la stratégie d’étouffement économique et financier du pouvoir syrien, voulue par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Le pouvoir turc a longtemps hésité à franchir ce pas, semble-t-il pour deux raisons : la crainte que Damas n’instrumentalise plus avant la question kurde, et l’anticipation des retombées économiques d’une politique de sanctions. Mais la rupture entre le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et le régime syrien, dont il s’était rapproché ces dernières années, semble consommée.
L’objectif des Occidentaux est de s’appuyer sur ces partenaires régionaux – Ligue arabe et Turquie – pour tenter de déverrouiller la situation à l’ONU. Il s’agit de pousser la Russie à réviser sa position, alors qu’elle empêche depuis des mois l’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité. En se prévalant du soutien des pays arabes, l’administration américaine et les Européens veulent démontrer qu’ils suivent une politique multilatérale et progressive.
La Chine plus en retrait
La Russie, fait-on valoir côté français, s’expose à un isolement complet sur la question syrienne. La Chine, qui avait également mis son veto, en octobre, à un projet de résolution, serait désormais plus en retrait. Le premier ministre français, François Fillon, devait se rendre jeudi à Moscou. Alain Juppé est attendu en Turquie, pour des entretiens où la question syrienne figurera au premier plan. « L’étau se resserre autour du régime [syrien] complètement autiste » , a-t-il commenté.
Le ministre des affaires étrangères a lié le rappel de l’ambassadeur français aux « nouvelles violences [qui ont] eu lieu en Syrie » : la série d’attaques contre des bâtiments diplomatiques, ceux de la France ayant été visés à deux reprises. Paris a décidé de fermer ses consulats et instituts culturels. Les ambassades du Maroc et des Emirats arabes unies ont été attaquées mercredi, après celles d’autres pays arabes, ces derniers jours. Le Maroc a rappelé, jeudi, son ambassadeur.
A Rabat, la Ligue arabe et la Turquie ont affiché un front commun, lors d’un forum régional auquel participait le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. Les délégations ont réclamé des « mesures urgentes pour protéger les civils » en Syrie, tout en mettant en garde « contre toute intervention étrangère ».
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