Elle s’appelait Hannah 1 décembre 2011
Posted by Acturca in Books / Livres, France.Tags: Ariane Bois, France, juifs, roman
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Le Figaro (France) no. 20942, jeudi 1 décembre 2011, p. 2
Le Figaro Littéraire
Mohammed Aïssaoui
Ariane Bois. L’histoire méconnue d’une communauté turque et juive en 1940.
C’est un petit miracle de livre qui explique le monde, un récit qui explore l’universel. Le Monde d’Hannah traite d’un oubli de l’histoire : la tragédie des Juifs turcs durant l’Occupation qui vivaient dans la « Petite Istanbul », un quartier du XIe arrondissement parisien. Dans la première partie, la romancière restitue à merveille l’existence de ces petites gens dont le seul désir était de vivre mieux sans se faire remarquer. Tout y est : le décor, les odeurs, les paroles et ce leitmotiv de la part de la mère d’Hannah : « Ne nous fais pas honte. » Puis, les humiliations, la fuite, la mort des proches. Ariane Bois a puisé aux meilleures sources sans que ce riche travail documentaire pèse : cette vie quotidienne nous est contée à hauteur d’enfants. Mais l’auteur va plus loin : elle brosse le siècle à travers cette histoire d’amitié entre Hannah Behar et Suzanne Dupuis, dite Suzon. On voit d’abord deux petites filles au début des années 1940 : elles habitent la même rue Popincourt mais tout les oppose. Hannah est juive, pauvre et timide ; Suzon, jolie rousse, vit dans un foyer aisé et n’a pas froid aux yeux. On suit ces personnages devenus femmes, cette fois, Hannah croque le monde grâce à une carrière brillante de journaliste à France Soir. Suzon brinquebale une existence faite de mauvais choix et de mauvaises rencontres. La seule constante, c’est leur amitié. À chacune de ses destinations, Hannah visite un lieu juif. Un jour, elle se rend au Mémorial de la Shoah, elle découvre des pages qui concernent sa famille et sa meilleure amie. On a rarement lu des pages aussi fortes que celles des chapitres 28 et 29. Un roman mémorable.
Le Monde d’Hannah d’Ariane Bois. Robert Laffont, 284 p., 19 €.
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