Le bilinguisme, un atout en mathématiques

Tribune de Genève (Suisse) mercredi 21 décembre 2011, p. Emploi-1

Fabrice Breithaup

Selon une étude suisso-allemande, les élèves d’origine immigrée sont aidés par la pratique de leur langue maternelle
Les spécialistes de l’enseignement ont souvent considéré que parler une langue maternelle étrangère perturbait l’apprentissage des différentes matières scolaires en raison d’un niveau insuffisant dans la langue du pays d’adoption.

Cet a priori va devoir être revu. Une recherche, effectuée par l’EPFZ et l’Université de Francfort, tend en effet à prouver le contraire. L’étude a été menée à Berlin et à Francfort (en Allemagne) avec 80 écoliers d’une moyenne d’âge de 8 ans et demi. Il est apparu que les élèves d’origine turque, qui pratiquent chez eux ou entre eux leur langue maternelle, démontrent une plus grande aisance dans certaines tâches en comparaison avec leurs camarades de classes unilingues. Et cela, en dépit certaines difficultés rencontrées par les premiers dans la maîtrise de la langue de Goethe. Cet avantage cognitif s’est surtout manifesté dans le cas où les élèves devaient traiter et résoudre des problèmes de calculs présentant des éléments perturbateurs.

L’habitude «de passer d’une langue à une autre améliore ainsi la capacité des bilingues à contrôler des situations où il faut faire attention à certaines choses et en ignorer d’autres», commente Ellen Bialystok, professeure de psychologie à l’Université de York (Angleterre) et de Toronto (Canada), et l’une des grandes spécialistes du bilinguisme, citée dans Reflex, la revue de l’EPFL, qui rend compte de cette recherche.

Et les auteurs de l’étude d’espérer que ces «résultats inciteront à prendre davantage en compte la langue maternelle dans la formation scolaire des élèves, quel que soit leur niveau en langue».