Le danger d’une mise à l’écart de Moscou 31 janvier 2012
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l’Humanité (France) mardi 31 janvier 2012, p. 20
P. B.
Que cherchent la Turquie et le Qatar ? Leur rôle dans le dossier syrien est plus que trouble. Dès le début de la crise, on le sait, Ankara a cherché la solution militaire, poussant à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne et à la création d’une zone tampon en territoire syrien, accolée à sa frontière. N’y parvenant pas, la Turquie a, comme le Qatar, soutenu fortement les Frères musulmans syriens, donnant une couleur islamique au mouvement d’opposition et parvenant ainsi à teinter de religiosité les slogans lancés dans les manifestations.
De même, s’appuyant sur l’attitude du régime, ils ont poussé à une radicalisation et à une militarisation du mouvement. Cette « touche » s’est encore fait sentir après l’accord passé entre le numéro un du Conseil national syrien (CNS), Burhan Ghalioun, et l’un des dirigeants du Comité national pour le changement démocratique (CNCD), Haytham Manaa. Accord qui rejetait « toute intervention militaire qui porte atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays ». Mais l’accord est rejeté par le bureau exécutif du CNS sous la pression du Qatar et de la Turquie.
En réalité, Ankara et Doha, chacun dans son registre, agissent pour la mise à l’écart de la Russie. Ce qui ne peut que compliquer la recherche d’une solution. Or, le fameux plan de la Ligue arabe (transfert du pouvoir de Bachar Al Assad à son vice-président et ouverture de négociations avec l’opposition) n’est autre qu’une proposition russe, reprise par l’organisation panarabe. Seul problème : au lieu d’y associer Moscou puis de se rendre au Conseil de sécurité, la Ligue arabe, sous l’impulsion des pays du Golfe, a voulu donner les clés du problème (ou de la solution) à Washington, via l’ONU.
Au risque de retarder la résolution du problème. En effet, Moscou craint de voir la Syrie devenir le lieu de transit du gaz du Golfe vers l’Europe, au détriment des gazoducs russes. Sans compter l’influence que la Russie entend garder dans la zone. C’est pourquoi Moscou mettra son veto à toute résolution de l’ONU qui ne lui donnera pas les garanties voulues sur son rôle pérenne dans la sous-région. Les États-Unis et l’Union européenne le savent. Sans accord, la guerre pourrait devenir inévitable. Comme le fait remarquer l’opposant Michel Kilo : « C’est le Qatar qui décide. C’est comique et tragique en même temps. »
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