Turquie: le CICR indésirable 17 avril 2012
Posted by Acturca in Middle East / Moyen Orient, South East Europe / Europe du Sud-Est, Turkey / Turquie.Tags: Ankara, Chypre, CICR, Comité international de la Croix-Rouge, diplomatie, humanitaire, Jean-Jacques Frésard, Syrie, Turkey / Turquie
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Tribune de Genève (Suisse) Une, mardi 17 avril 2012, p. 1
Bernard Bridel
Alors que 25 000 Syriens se sont réfugiés en Turquie, on ne trouve pas trace du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour les entourer. La raison de cette absence, tue par les intéressés? La récente reconnaissance par le CICR de la Croix-Rouge chypriote, une décision qui a suscité l’ire d’Ankara, le gouvernement turc étant très «chatouilleux» sur la question chypriote.
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En plein drame syrien, Ankara congédie le CICR
Depuis le mois de mars, l’organisation humanitaire n’a plus de délégation en Turquie, pourtant pays clé d’une région en ébullition
Alors que le nombre de réfugiés syriens sur sol turc ne cesse d’augmenter et a déjà atteint le nombre de 25 000 personnes, certains s’étonnent de ne pas trouver à leurs côtés un acteur traditionnel dans ce genre de crise: le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Si les délégués de la respectable institution basée à Genève ont pris, et prennent, des risques considérables pour apporter aide et secours aux Syriens bombardés dans leurs propres villes par l’armée de Bachar el-Assad, en Turquie voisine, ils brillent par leur absence.
Officiellement, la raison de cette carence est très simple, explique Christian Cardon, l’un des porte-parole du CICR à Genève. Ouverte en 2003 pour appuyer ses opérations dans l’Irak voisin en guerre, la mission temporaire du CICR à Ankara a été fermée en mars 2012, la situation dans le pays de feu Saddam Hussein ne justifiant plus sa présence en Turquie, selon les autorités d’Ankara, dit-il en substance.
La raison de la colère
«Belle langue de bois», commente un ancien délégué sous couvert d’anonymat. Pour lui, la vraie raison de la fermeture de la délégation d’Ankara est à chercher ailleurs. Du côté de Chypre et de sa partition en deux entités depuis 1974, l’une grecque, reconnue par la communauté internationale, l’autre turque, reconnue par la seule Turquie. Très chatouilleux sur cette question, le gouvernement turc a très mal pris la décision du CICR «de reconnaître, lors de sa session des 22 et 23 février dernier, la Croix-Rouge chypriote comme la 188e Société nationale du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge». Résultat, si en termes diplomatiques la délégation du CICR à Ankara a été fermée, en fait «les humanitaires ont littéralement été virés par un gouvernement turc furieux», assure encore notre interlocuteur.
Il faut dire que le CICR avait été averti depuis longtemps – par les diplomates turcs et par ses délégués – que cette reconnaissance de la Croix-Rouge chypriote serait considérée comme uncasus bellipar Ankara, assure un autre proche du dossier. «C’est un gâchis énorme, quand on pense au poids de la Turquie dans la région. Une fois de plus, il semble que les gens du terrain n’aient pas été entendus à Genève», conclut-il.
Dernier chef de la délégation du CICR à Ankara, Jean-Jacques Frésard n’a pas souhaité s’exprimer. Mais, dans un entretien accordé à un blog hébergé par le quotidien Le Monde (http://cicr.blog.lemonde.fr/2012/03/12/32-ans-de-cicr-et-un-pot-de-depart), il avoue que toute cette affaire est un «accident de parcours» et procède d’un long malentendu entre la Turquie et l’institution qu’il a servie pendant trente-deux ans.
Puissance régionale
Sans citer une seule fois la question chypriote, Frésard redit l’importance qu’il y a pour le CICR à renouer avec Ankara. «La Turquie est une puissance régionale de première importance, une puissance mondiale émergente», assure le délégué. Bref, une puissance avec laquelle le CICR ne peut pas se permettre d’être en froid.
Gageons que quand il reprendra des mains de Jakob Kellenberger les rênes de l’institution, le 1er juillet prochain, le Bernois Peter Maurer, actuel secrétaire d’Etat du DFAE, n’aura pas trop de tous ses talents de diplomate pour renouer avec la fière et ombrageuse Turquie.
Le CICR ferait-il de la politique? Bien sur je fais ici allusion aux relations actuellement tendues entre Israel et la Turquie… Mr Jakob Kellenberger, lequel semble-t’il est loin d’être objectif dans cette affaire, n’a-t’il rien trouvé d’autre que de provoquer la Turquie avec Chypre?