Le gazoduc Nabucco risque de tomber à l’eau 15 mai 2012
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Les Echos (France) no. 21185, mardi 15 mai 2012, p. 21
Emmanuel Grasland
L’allemand RWE étudie un retrait du projet européen Nabucco. Le hongrois Mol est prêt à vendre ses parts. Une version plus réduite du projet est à l’étude.
Les défenseurs du projet de gazoduc Nabucco se font de moins en moins nombreux. Hier, l’un de ses principaux actionnaires, l’allemand RWE, a reconnu envisager son retrait du projet, confirmant des informations de l’hebdomadaire « Der Spiegel ». « Nous étudions ce projet afin de voir si nos objectifs stratégiques et commerciaux sont toujours respectés », a indiqué le deuxième groupe énergétique allemand. Voilà trois semaines, un autre actionnaire, le hongrois Mol, avait affiché ses doutes, annonçant qu’il n’entendait plus participer au financement du gazoduc. Il est prêt à céder sa participation.
Lancé voilà dix ans, le projet Nabucco vise à acheminer du gaz de la mer Caspienne en Europe afin de réduire la dépendance du Vieux Continent vis-à-vis de la Russie. Soutenu par Bruxelles, ce projet d’au moins 12 milliards de dollars a un actionnariat hétéroclite. On y trouve pêle-mêle l’allemand RWE, l’autrichien OMV, le hongrois Mol, le roumain Transgaz, le bulgare Bulgargaz et le turc Botas. Chacun d’entre eux a une participation de près de 17 %. Cet émiettement a posé des problèmes de management et empêché une réelle prise en main du projet par l’un des acteurs.
Des pipelines concurrents
Autre problème de fond : l’absence de fournisseur. Faute d’avoir sécurisé un approvisionnement en gaz, Nabucco n’a cessé d’accumuler les retards ces dernières années. « L’Europe s’y est prise à l’envers. Il fallait d’abord avoir le gaz avant de démarrer le projet », estime Thierry Bros, analyste chez Société Générale.
Aujourd’hui, ce gazoduc d’une capacité de 31 milliards de mètres cubes est en concurrence avec deux autres projets pour transporter le gaz issu du gisement de ShahDeniz 2, en Azerbaïdjan. Le premier d’entre eux, TAP (Trans Adriatic Pipeline) est mené par l’allemand E.ON et le norvégien Statoil et le second, SEEP (South East European Pipeline) par BP. Les actionnaires de Shah Deniz 2, qui comprennent BP, Total et Statoil, devraient éliminer l’une des propositions en juin, avant de choisir le lauréat à la mi-2013. Pour accroître leurs chances, les actionnaires de Nabucco travaillent sur une version réduite, qui démarrerait à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie. Appelée « Nabucco West », elle serait reliée à un autre projet de pipeline (Tanap), mené par la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Nabucco pâtit enfin de la concrétisation prochaine du South Stream, un projet de gazoduc qui doit relier la Russie à l’Europe, via la mer Noire. Mené par Gazprom et ENI, ce chantier de 25 milliards de dollars a reçu le soutien d’EDF et BASF. Le démarrage de la construction pourrait intervenir en décembre 2012, pour une mise en service à l’horizon de 2015.
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